mercredi 23 décembre 2015
Dernière modification : vendredi 8 avril 2016
Suite à la manifestation du samedi 19 décembre à Paris, pour la régularisation des travailleurs et travailleuses sans-papiers et l’accueil des migrant-e-s et des réfugié-e-s, plus d"une centaine de migrants à la rue a décidé de rester camper place de la République pour exiger des hébergements et combattre l’invisibilité à laquelle souhaite les confiner le gouvernement. Ils ont besoin de la présence de gens solidaires ainsi que d’aide logistique à définir avec eux.
Voici le dernier communiqué qu’ils ont publié à ce jour :
Nous sommes réfugiés et nous venons de différents pays. Nous vivons à la rue depuis 8mois pour certains, un an pour d’autres. Certains sont arrivés plus récemment.
Nous sommes 200 personnes toujours sans logements et sans papiers. Nous avons décidé de rester Place de la République jusqu’à ce que le gouvernement nous donne des logements car nous n’avons pas d’endroit où vivre. Nous continuerons à manifester jusqu’à ce que le gouvernement nous donne un logement, la justice, des droits et des papiers.
Il fait froid place de la République et il pleut mais la police nous empêche d’utiliser des tentes ou même des bâches. Nous vous appelons à venir nous soutenir mercredi 23 décembre à 18h00.
We are refugees and we are from diferent countries. Some of us are living more than one year in the streets, some of us 8 months. Some of us arrived more recently.
We are about 200 people still without houses, still without papers. We decided to stay in Republique until government give us houses. We have no place for living. We will continue to demonstrate until the government give houses, justice rights and papers.
Place de la Republique is cold, it is raining, the police prevent us to use tents or even tarpaulins. We call on people to come to support us on wednesday 23 december at 18.00.
Depuis le 1er octobre, un journal est publié par les collectifs de migrants et personnes solidaires et rassemble communiqués, appels à mobilisation, infos pour les demandeurs d’asile et les sans-papiers. Rédigé en français, anglais, arabe et farsi, il est distribué dans les manifestations et les centres d’hébergement par les migrants hébergés. Pour tout contact (aide à traduction, distribution...) : merhaba[at]riseup.net
Nous publions ici l’éditorial et le sommaire du dernier numéro et proposons pour téléchargement les pdf des 3 numéros parus depuis octobre [1].
La réalité quotidienne de « l’accueil"¯ » français et européen des migrants se compose de violences, menaces policières, expulsions en constante augmentation et cachées par les médias, hébergement dans des centres en mauvais état et une bureaucratie hostile qui ralentit les demandes d’asile. Dans ce numéro de Merhaba, nous publions plusieurs témoignages de migrants sur leurs voyages vers et dans la forteresse Europe... en sachant qu’il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg.
D’abord, on observe qu’aux frontières a lieu une constante guerre de basse intensité : les murs se renforcent, les policiers ont de plus en plus d’armes et les méthodes de « « ¯contrôle »¯ » se placent en dehors de tout regard légal. En même temps, les expulsions vers les pays d’origine des migrants augmentent, et les personnes sans papiers enfermées dans les centres de rétention (CRA) y subissent une violence quotidienne.
L’autre volet de l’action des états européens sur les flux migratoires se concentre sur les personnes qui ont réussi à passer les frontières : du protocole de Dublin jusqu’à l’administration locale des centres d’hébergement, tout le système est conçu pour créer et maintenir les migrants dans un état d’incertitude, de dépendance et de marginalité. Pendant des longues périodes les nouveaux arrivés sont contraints de rester dans la rue, dans la précarité absolue : pendant que le gouvernement parle d’humanité sur les médias, il ne garantit même pas le droit à un toit. Ceux qui arrivent à obtenir un hébergement (très souvent pour des périodes brèves) doivent subir des déplacements arbitraires dans des endroits très loin de leur lieu d’arrivée et de l’endroit où ils ont déposé leur demande d’asile. Dans plusieurs centres, les droits fondamentaux, tels que l’accès aux transports, le droit de visite et de se réunir, ne sont pas garantis. La possibilité de s’insérer réellement dans le pays (accès à un cours de langue, aux études, au travail) n’est qu’un mirage.
Le système d’accueil des migrants est donc une vraie méthode de gouvernement, dont l’objectif est d’empêcher leur organisation collective et leur insertion sur le territoire européen. La conséquence est la création d’une masse de personnes avec moins de droits et de possibilités, donc plus facilement exploitable.
Dans ce numéro 3 (16 pages) :
[1] Source de ces infos : Paris-luttes.info
Différents articles ont déjà été publiés ici sur la lutte des migrants à Paris depuis cet été.
Le plus récent : Après la manifestation interdite en solidarité avec les migrants : arrêt de toutes les poursuites éventuelles !
Lire aussi par exemple : Migrants, réfugiés, précaires, la solidarité n’est pas un crime
Et promenez-vous...