dimanche 21 octobre 2012
Dernière modification : lundi 29 octobre 2012
Voici le communiqué des habitants du 260 rue des Pyrénées suite à l’occupation du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris (CASVP), 5 bd Diderot dans le 12e, ce vendredi 19 octobre 2012.
Expulsés, mal-logés, énervés, chômeurs, précaires, enragés sociaux, nous
occupons depuis quelques temps un ancien centre d’hébergement social, dans
un immeuble appartenant à la Poste et vide depuis le 11/05/2010, situé au
260 rue des Pyrénées dans le 20ème à Paris [1]. Face à la spéculation immobilière et à la discrimination, nous avons décidés d’agir. Nous avons trouvé une porte ouverte et posé nos bagages pour nous installer et créer un lieu de vie, d’auto-organisation et de lutte pour obtenir notre dû et
dénoncer ceux qui pourrissent notre vie au quotidien. Nous sommes
déterminés à devenir le cauchemar du pouvoir tant que nous n’aurons pas eu
gain de cause.
L’immeuble du 260 où vivent de nombreuses familles est désormais expulsable immédiatement. Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est d’abord pour venir vous crier « NON AUX EXPULSIONS ».
Mais ce n’est pas tout.
Nous EXIGEONS :
. des logements sociaux pour tous les gens qui en ont besoin [2] ( et notamment pour les membres du collectifs mal-logés acharnés
. des papiers pour tout le monde et notamment pour les membres du
collectifs des mal-logés acharnés.
. le maintien dans les lieux pour les habitants du 260 jusqu’à leur relogement
. des solutions de logements d’urgence pour les habitants du 260 qui le souhaitent
. le maintien de tous les lieux habités du CREA (Collectif pour la Réquisition, l’Entraide, et l’Autogestion) de Toulouse [3].
Nous savons que vous pouvez apporter des réponses concrètes à nos revendications. C’est pour cela que nous sommes déterminés à rester le temps qu’il faudra pour que des solutions soient trouvés.
DES LOGEMENTS POUR TOUS AVEC OU SANS PAPIERS !
ASSEMBLEE DES MAL-LOGES ACHARNES
Contact mel : mallogesacharnes [at] riseup.net
Les acharné(e)s en colère du 260 ont renouvelé l’une de leurs actions (la 163ème en 6 mois). Cette fois-ci à la centrale des CASVP quai de la rapée [4].
Cela a d’abord commencé par une occupation du rayon sac à dos du Go sport de répu en attendant le regroupement. Dans la discrétion et pour un camouflage urbain le plus technique possible je m’achète une visière Adidas blanche la peau du cul pour contrer la pluie sur mes lunettes (on a les ennemis qu’on mérite). S’ensuit une longue réflexion pour savoir si on fait cette action ou pas. Puis c’est le départ en métro. Nous ne sommes pas suivis.
Au sortir, par un détour du pâté nous atterrissons devant l’office et sa porte coulissante en ovale maintenue par 2 militantes pour nous ouvrir le passage. Au 7ème étage c’est l’abandon dans les canapés pour les uns (dont je faisais partie) et pour d’autres la négociation avec un joli costume gris anthracite à cravate rouge bacon d’une finesse à glisser derrière un rideau pâle. Le type est coriace. On se serait trompé de cible. Il est chaud pour une évacuation. Que du fake. Nous sommes d’une redoutable décontraction face à ce genre de courage qui consiste à ne pas vouloir faire son boulot. Certes la demande est audacieuse et il est vrai qu’en matière de logement pour les plus nécessiteux, ce qui prévaut, c’est le zèle, la soumission, le protocole. Nous insistons. Il repart et il revient et là (je suis toujours estomaqué par ce trick) la responsable des hébergements d’urgence est prête à nous recevoir. Il nous le fait sentir comme une opportunité venue du ciel. Un cadeau des dieux. Et elle se tient là, en face de nous, avec son sourire à livrer aux pigeons. Elle était pas à l’autre bout d’Paris mais là dans un bureau juste à coté. C’est quand même incroyable qu’en quelques minutes nous soyons finalement pile au bon endroit avec la personne la plus compétente sur ce dossier. À chaque fois ça me laisse comme un pain d’mie sans croute.
La délég se précise mais nous devons pour cela quitter le bâtiment. Dehors les précaires ! Sur le trottoir les acharné(e)s ! Sinon il ne nous reçoit pas le monsieur car il ne négocie pas sous la pression. De la pression, à ce moment-là, je n’exagèrerai pas en disant qu’elle était proche d’un joint qui fume posé sur le lobe d’un cendrier. Non nous on veut rester là. C’est comme ça. Nous sommes dans un espace accueil du public qui est fait pour ça et on ne comprend pas pourquoi il faudrait attendre dehors. Volte-face et grand mouvement de bras du monsieur qui s’en retourne. Et bien puisque c’est comme ça, évacuation à l’américaine [5] Conciliabule : nous ne bougerons pas. Nouvelle proposition de leur part : Okay mais on descend dans le hall. Ça roule ma poule ! Et nous échangeons les canapés du 7ème pour ceux du hall pendant que nos camarades entrent dans l’arène. La négociation n’est qu’une partie de bluff.
Les gars d’la sécu d’Paris, au nombre de 6, avec leurs casquettes, nous accompagnent dans les ascenseurs. Il y en a un qui porte son tonfa à l’envers à la ceinture. Je crois qu’il l’a fait exprès. Ils ont même des menottes. Mais pas d’flingue, non, faut pas déconner non plus. Et puis c’est l’attente.
Le bâtiment est d’une rare somptuosité, et là encore je suis toujours étonné du standing de ces institutions qui gèrent la pauvreté (un peu comme le siège de Pôle emploi au Lilas [6]), marbre partout, mezzanine rehaussée, patio, jardin botanique, c’est Babylone là-d’dans.
Au mur une seule petite annonce perdue sur un mur. Une employée qui recherche des bouts de pelote de laines pour tricoter des chaussettes à distribuer ensuite sur les hébergements, on peut passer les déposer au bureau 6714...Si on a le temps. À coté du standard il y a une corbeille à chien avec une gamelle de flotte. J’interroge la standardiste. C’est pour le chien d’aveugle de l’une de nos standardistes. Ah bon. Dans l’humus laissé par la végétation sur le marbre du patio j’inscris un slogan du bout de ma chaussure « relogement pour les acharné(e)s ». Le portier, une sorte de Quasimodo en smoking, n’est pas l’dernier pour la déconne : il kiffe les blondes et ne rêve que d’une chose, un rosbif flambé au cognac.
Le temps s’écoule ainsi. Où nous apprenons que Filou a travaillé pour la BNP, enfin...qu’il participait au club d’échec d’une BNP. Je lui fais remarquer que c’est donc lui qui signait les chèques. Une militante bouquine « Inceste » d’Anaïs Nin et on lui demande si y a pas des p’tits passages un peu chauds qu’elle pourrait nous lire. Un autre lance un avion en papier qui circule d’un groupe à un autre. On prend le temps de vivre quoi. Et puis la délégation redescend au bout d’une heure et nous sortons.
Ils reviennent avec une quantité incroyable de lettres, promesses, parjures, aveux, attestations sur l’honneur, déclaration d’intentions tout écrit à la main puis faxés aux 4 coins de Paris (et même au cabinet Delanoë). Alors là chapeau. Je serai curieux de savoir comment vous êtes arrivés à leur faire écrire tout ça et qu’est ce qui zon bien pu vous raconter. Parce que moi, manifestement, ce n’est pas avec les 3 conneries fendues que vous parviendrez à reloger tout les acharnées en colère.
Je rejoins le métro, seul (sur une musique de Michel Legrand). Au carrefour, 15 fourgons rempli de CRS d’un coté et un autobus de l’autre pour 30 gusses. Il y a des salaires qui se justifient comme ils peuvent [7]. Aucune arrestation. Une action à mon sens très réussie.
Un participant à l’action
Une trentaine de personne – dont une majorité de femmes et d’enfants – occupaient depuis près d’une semaine l’immeuble situé au 38 rue des bois, dans le 19e arrondissement.
L’occupation était démontrée, connue du voisinage et nous avions des documents pour le prouver : contrat et facture EDF de plus d’une semaine, photos datées prises dans le bâtiment.
Cet immeuble, vide depuis plus d’un an, appartient à la SIEMP (Société d’économie mixte de la ville de Paris), censée éradiquer l’insalubrité à Paris. Elle rénove effectivement de nombreux taudis, mais c’est pour faire à la place des logements sociaux extrêmement chers auxquels nous n’avons pas accès.
Les forces de l’ordre, assistées des pompiers, sont rentrées par effraction et ont mis plus de 3h pour déloger l’un d’entre-nous qui s’était réfugié sur le toit.
Nous étions une centaine, habitants et voisins, rassemblés devant le lieu. La police a essayé de diviser, ciblant en priorité les jeunes du quartier. Une manifestation s’est ensuite organisée jusqu’à la place des fêtes.
Merci à tous les voisins qui ont fait preuve de solidarité et à tous les habitants du quartier qui ont résisté avec nous lors de l’expulsion.
D’autre part, l’immeuble occupé du 260 rue des Pyrénées ou vivent à nouveau une quarantaine de personnes est toujours expulsable. La rue des bois n’est que l’arbre qui cache la forêt, la lutte continue.
Des habitant.e.s et soutiens du 38 rue des bois
PS : une assemblée est prévue mardi 16/10 à 19h pour discuter de l’expulsion et des suites au 260 rue des Pyrénées
Pour contacter l’assemblée : mallogesacharnes [at] riseup.net ou 07 53 36 42 23
D’autres infos sur Luttes de logement, dans le 20e et ailleurs : https://paris20.noblogs.org
Expulsion de l’immeuble occupé du 260 rue des Pyrénées
Ce matin, jeudi 29 octobre, à 6h et 6 degrés au thermomètre, un déploiement de deux cents policiers est venu expulser le 260 rue des Pyrénées, bloquant la rue pendant 2 heures. Cet immeuble était occupé depuis la fin du mois de juin par une cinquantaine de mal-logés qui y avaient trouvé un endroit pour vivre et pour lutter. La dizaine d’habitants restés dans les lieux est sortie sans proposition concrète de
relogement mais avec seulement une semaine d’hébergement d’urgence dans un
hôtel à Cergy Pontoise.
Cette expulsion advient à trois jours de la trêve hivernale. Comme chaque année, la réponse de l’Etat aux problèmes de logement est l’accélération des expulsions à l’arrivée de la trêve d’hiver et l’organisation policière de leur invisibilité. Nous sommes bien loin des plateaux-télés et des déclarations de Cécile Duflot en faveur de la réquisition.
Pour nous joindre pour de plus amples informations, vous pouvez nous
contacter par mail ou bien au 07 53 36 42 23.
mallogesacharnes [at] riseup.net
[1] Pour en savoir plus : Occupation du 260 rue des Pyrénées : décider collectivement et de manière égalitaire ce qui est bon pour nous..
[2] La plupart des logements sociaux réalisés à Paris, sont inaccessibles aux bas revenus, alors même que la ville compte, pour ne citer que des catégories officiellement dénombrées (ce qui ne décrit pas l’ensemble des populations concernées), 70 000 RSAstes et près de 300 000 personnes à la CMU. Voir à ce propos :Le logement social à la parisienne, Anne Clerval.
[4] Les centres d’action sociale de la Ville de Paris sont régis par un « règlement de l’action sociale » qui prévoit divers types d’aide sociale destinées aux Parisiens. Si la Ville fait sa com’ en vantant ces dispositifs, elle se garde bien - économie et contrôle obligent- de les faire connaitre aux intéressés. Pour se faire une idée de ce qui peut être obtenu en s’adressant à ces centres d’action sociale : À Paris comme ailleurs, arr€t€z vos salad€s, balanc€z l’os€ill€ !.
[5] Touchez pas au grisbi !... c’est nous qui décidons. Il n’est pas rare que l’intervention collective des premiers concernés dans les institutions sociales s’accompagne d’une mobilisation policière. Mais ça n’empêche pas à tout coup d’obtenir des résultats, voir par exemple CAF Nationale : 8 cars de CRS, 10 policiers en civil (im)mobilisés, 2000 euros de « trop perçu » RMi récupérés
[6] Lui aussi déjà visité collectivement, voir : Occupation de la salle du conseil d’administration du siège de Pôle emploi ce 3 mai - Grève des chômeurs !.
[7] Mais pour justifier le fait de dépendre du RSA, c’est pas toujours de la tarte, et même assez violent (voir : « Absurdité », « torture morale », une enquête sur le RSA à Paris ). Et comme l’austérité va être mise en oeuvre par les collectivités territoriales, comme l’annonce sans fard François Hollande, ça risque de se corser... voir : Un conseil général socialiste supprime le RSA à des centaines de personnes, et le revendique