dimanche 16 septembre 2012
Dernière modification : lundi 17 septembre 2012
On se souvient peut-être du procès pour « outrage à Pôle emploi » qui fut intenté le 22 novembre 2011 contre l’un de nous, avant de se conclure par la relaxe de l’accusé [1].
Nous avons retrouvé une trace filmée de l’intervention collective [2] au Pôle emploi Vic d’Azir, le 19 octobre 2009, qui avait servi de prétexte à ces poursuites judiciaires. On le constatera, c’est le simple fait de prétendre faire respecter ses droits, et pire encore d’y parvenir - qui constitue pour cette institution qui ne respecte pas ses propres règles tout en prétendant imposer sans cesse davantage d’obligations aux chômeurs, intermittents ou non, un « outrage ».
L’extrait qui suit provient du film, in arbeit / en construction / w toku / lavori in corso [3].
Si l’on ne goûte pas l’arbitraire, le contrôle [4], les radiations, si l’on ne veut pas céder à la stigmatisation, aux menaces, aux calculs biaisés, si on ne communie pas dans la fétichisation de l’emploi et du travail, de l’économie, si l’on ne souhaite pas se laisser gouverner, les raisons d’intervenir à Pôle emploi ne manquent pas. Les témoignages qui furent préparés à l’occasion de cette audience en justice et qui présentent un point détaillé sur le fonctionnement de cette machine à précariser le confirment à leur façon. Vous y trouverez des détails sur les litiges qui faisaient l’objet de cette visite collective qui fut -comme souvent sur ce plan- couronnée de succès, et également la restitution d’une série de pratiques dégueulasses de Pôle emploi ainsi que des éléments pour y faire face : Outrage à Pôle emploi : Moi, personne quelconque de nationalité de hasard, déclare avoir été témoin des faits suivants.
La logique comptable et manageriale qui préside au fonctionnement de cette institution s’applique aussi, de manière différenciée, selon que l’on soit d’un côté ou de l’autre du guichet [5], à ceux qui y travaillent [6].
Ruser avec les contraintes que l’on cherche à nous imposer, utiliser le droit [7], agir collectivement [8] reste à l’ordre du jour.
« ... la bataille ne se situe pas dans le temps elle est le temps... »
[2] La loi organisant les relations entre les administrations et leurs usagers prévoit que chacun puisse être accompagné par la personne de son choix lors de ses démarches, ce qui évite d’être confronté à la puissance d’une institution dont nous dépendons dans l’isolement, sans témoins. Vu l’incohérence, les contradictions, l’arbitraire de ce qui est dit et décidé au guichet, nous avons en effet besoin d’agir en huissiers lors de nombreuses démarches, de disposer de témoins, d’imposer que ce qui est dit oralement soit signifié par écrit (enchérie toute décision doit être motivé « end ait en droit » sous peine d’illégalité) afin qu’une preuve existe de ce qui a été décidé à notre endroit. Voilà pourquoi lorsque l’on refuse d’écrire ce que l’on vous dit, il ne faut pas hésiter à taper le scandale en disant que si ce qui est dit ne peut être écrit c’est que probablement cela ne correspond ni à la loi ni au règlement, que c’est illégal.
Les institutions renâclent à respecter ce droit à l’accompagnement et cherchent à le limiter, comme ce fut le cas ce jour là. Il est pourtant indispensable que l’on puisse être accompagné par plus d’une personne car il n’est pas possible autrement que ceux qui veulent défendre les droits apprennent à le faire en situation. Face à ces restrictions, il est souvent possible d’imposer au moins une troisième personne, quitte à lui réserver le rôle de scribe silencieux pour rassurer l’institution. Ne pas le faire revient vite à spécialiser certains (les plus entrainés) dans l’accompagnement au guichet, c’est une perte de puissance (comment être nombreux à être en mesure de contester avec le plus d’argument possibles, etc.) que nous avons à essayer d’éviter. Sur le droit à l’accompagnement, voir les Articles 24 et 25 de la Loi n° 2000-321 du 12 avril 2000.
[3] in arbeit / en construction / w toku / lavori in corso, Allemagne 2012 / 148 minutes, Réalisateurs : Minze Tummescheit, Arne Hector.
[5] Voir à ce propos Lettre ouverte de quelques précaires aux conseillers de Pôle Emploi, Mcpl, Rennes
[6] Ce qu’éclaire cette analyse des conditions de travail rédigée par une agent du Pôle : De l’autre coté du guichet : Pôle Emploi, la violence et l’ennui
[7] Voir et utiliser, par exemple « Répétition de l’indû », Unedic zone de non-droit ainsi que Jurisprudence, Pôle Emploi condamné pour insuffisance d’information
[8] Des récits d’action : un max de « dossiers » réglés en une fois : Montreuil : à Pôle Emploi comme ailleurs, ne pas se laisser faire ; retour à l’envoyeur : Des chômeurs en colère murent un Pôle emploi à Rennes ; du classique Occupation du Pôle Emploi Convention : Radiation annulée ! car nombre de radiations ne tiennent pas la route du point de vue légal, vous trouverez des infos à ce sujet sur http://www.recours-radiation.fr