jeudi 26 mai 2011
Dernière modification : samedi 11 juin 2011
« Quand tu vas avec un sourd muet à la chasse, s’il court, c’est qu’il a vu le danger venir, il faut le suivre. »
Pourquoi le préfet a refusé la rencontre avec les 300 habitants du 94 rue des Sorins.
Trois cents personnes habitent au 94 rue des Sorins à Montreuil depuis 2007. Depuis le 22 mai 2011, nous sommes expulsables. Nous avons décidé de nous battre ensemble.
Le 9 juin, nous avons rencontré M. Ricoire, messager du préfet, pour une rencontre avec les habitants de la rue des Sorins. Nous lui avons dit notre accord à rencontrer le préfet et discuter avec lui. Nous avons convenu d’y aller à 4 délégués accompagnés de deux soutiens.
Nous voulions continuer avec les soutiens à lutter et car leurs yeux et leurs oreilles s’ajoutaient aux nôtres.
Cette rencontre a été refusée par le préfet qui ne souhaite pas une rencontre avec les soutiens, même si nous nous étions engagés à ce qu’ils ne soient que des observateurs.
Les habitants regrettent que la démarche bienveillante du préfet à leur encontre soit interrompue pour cette raison.
Les habitants.
Nous habitons le bâtiment situé au 94 rue des Sorins (au croisement avec la rue de la Fraternité) à Montreuil depuis 2008. Nous sommes aujourd’hui plus de 300 personnes à y habiter. Il y a des jeunes travailleurs, des familles avec des enfants, certains ont des papiers, d’autres non. Le lieu est vaste, c’est une ancienne usine, nous l’avons occupé pour ne pas dormir dehors.
Jusqu’à aujourd’hui, nous avons toujours été en contact avec la mairie de Montreuil, notamment pour les questions d’hygiène. Après la visite des services de la mairie, nous avons signé le 26 avril dernier une convention avec la mairie de Montreuil, Veolia et la CNL (Confédération nationale du logement) concernant l’approvisionnement du bâtiment en eau. Nous avons pris en charge la totalité des frais liés à l’arrivée de l’eau et à l’installation des sanitaires dans le bâtiment.
Le 2 mai, soit six jours plus tard, nous avons reçu à notre grande surprise un arrêté préfectoral d’expulsion à partir du 22 mai 2011. Vivre dans ce squat n’est pas notre objectif mais nous nous y sommes investis et nous ne voulons pas en être expulsés, sauf à être relogés dignement et tous ensemble. Nous voulons travailler et être logés dignement, avoir des papiers pour ceux qui sont sans-papiers, et vivre comme tout le monde.
C’est pourquoi nous demandons le soutien du quartier. Nous savons que nous ne sommes pas les seuls dans cette situation. D’autres avant nous, par exemple les ex-habitants du 92 rue Victor-Hugo à Bagnolet (à 200 m de chez nous), se sont déjà fait expulser de leur logement et sont encore en attente d’une solution. Nous voulons lutter tous ensemble face à cette expulsion.
Depuis Samedi 21 mai, nous sommes menacés et intimidés par la police, jour et nuit. Des contrôles, des arrestations et des gardes-à-vue ont lieu tous les jours. Avec la délivrance des obligations de quitter le territoire (APRF), on passe du cap de l’expulsion du foyer à l’expulsion du territoire français.
Or nous voulons :
• Ne pas être expulsés ni de notre foyer, ni de France.
• Une table-ronde avec la mairie, la préfecture et toutes autres instances qui permettraient de trouver une solution pour le logement et les papiers.
• Un relogement pour toutes et tous, collectivement et de façon durable.
• Une régularisation pour toutes et tous.
Le collectif des habitants du 94 rue des Sorins, Montreuil
CONTRE LES EXPULSIONS DE LOGEMENT
CONTRE LA CHASSE AUX SANS-PAPIERS
VIVE LA LUTTE DES HABITANTS DU 94 RUE DES SORINS À MONTREUIL !
Depuis le dimanche 22 mai 2011, les habitants du 94 sont expulsables de leur logement. A cette adresse, vivent 300 personnes, dont certains sont sans-papiers. L’expulsion par la police a été annoncée pour les prochains jours.
Lorsque les habitants ont appris leur possible expulsion, ils se sont organisés collectivement pour y faire face. C’est à cette occasion que nous nous sommes rencontrés. Nous avons discuté ensemble de la situation du squat, des précédentes expulsions dans le quartier, des expériences de luttes sur les problèmes de logement et de papiers, et du désir de s’organiser de telle sorte que ce soient les gens en lutte qui prennent les décisions les concernant.
Vendredi 20 mai, nous sommes allés ensemble devant la mairie. 150 personnes, derrière deux grandes banderoles : « La pauvreté n’est pas un délit mais laisser 300 personnes dans la rue est un crime » , « Un toit est un droit pour tous ». La mairie n’a rien proposé d’autre que de demander à la préfecture « une cellule d’hébergement et de relogement » ; c’est-à-dire des places dans des hôtels sociaux en région parisienne, souvent temporaires et dispersées.
La mairie se décharge de toute responsabilité. Comme si elle n’était pas, directement ou indirectement, responsable de ces expulsions. Les plans de rénovation urbaine se font toujours aux dépens des plus pauvres. Les projets ne manquent pas à Montreuil : le « nouveau quartier de la Mairie », « Eco-quartier » à La Boissière...
Le squat de la rue des Sorins est au coeur d’un projet de rénovation urbaine co-géré par l’Etat et la municipalité. Avec ces projets, c’est une bonne partie des Montreuillois qui a vocation à partir. Toute une population au statut précaire qui arrivait jusqu’ici à se loger dans des quartiers populaires ne trouvera plus d’espaces où vivre. Progressivement, beaucoup de bâtiments sont détruits ou « nettoyés » (squats, foyers de travailleurs immigrés, hôtels meublés). Les habitants sont contraints de quitter leur quartier parce que les loyers sont trop chers, parce que les critères pour accéder aux « logements sociaux » vantés par la mairie excluent la plupart des gens. Combien d’expulsés peuvent continuer à vivre dans leur quartier ?
Pour accompagner ces opérations d’expulsion, la mairie et l’Etat mettent en avant toujours les mêmes prétextes : problèmes de drogues, d’insalubrité, d’insécurité,... « Quand on veut se débarasser de son chien, on l’accuse de la rage » Quoiqu’ils en disent, l’objectif reste le même : mettre des gens à la rue, les contraindre à partir et détruire les solidarités populaires. « Rénover un quartier », ce n’est pas, comme la mairie le dit, permettre à tous de mieux se loger : c’est transformer la ville au profit du développement économique, c’est redessiner l’espace, le rendre plus lisse, plus contrôlable.
Depuis samedi, chaque jour, les flics viennent dans le quartier pour arrêter des habitants du 94 rue des Sorins. Un d’entre eux est déjà poursuivi pour défaut de papiers. Des menaces ont été proférées. Cette présence et ce harcèlement quotidien ont pour objectif de mettre la pression et de faire peur pour les dissuader de s’opposer à leur expulsion. Une raison de plus de s’organiser avec eux.
Parce que nous sommes aussi confrontés à des galères de logements. Parce que nous sommes expulsés de nos maisons Parce que nous défendons les lieux collectifs d’entraide et de solidarité
Parce que la chasse aux sans-papiers nous dégoûte
Il est important d’être nombreux à participer à cette lutte !
Des habitantes et habitants du quartier et d’ailleurs
Les habitants du 94, rue des Sorins organisent
UN POINT D’INFO SUR PLACE TOUS LES JOURS ENTRE 18H ET 19H
Les pépins de la colère à Montreuil - Vidéo
SCANDALE ! (Le western est-il compatible avec l’écologie urbaine ?)
Montreuil : à Pôle Emploi comme ailleurs, ne pas se laisser faire
Plutôt CAFards que CAFteurs. Visite de la CAF Rosny par quelques CAFards de Montreuil
La coordination a dû déménager le 5 mai 2011 pour éviter une expulsion et le paiement de près de 100 000 € d’astreinte. Provisoirement installés dans un placard municipal de 68m2, nous vous demandons de contribuer activement à faire respecter l’engagement de relogement pris par la Ville de Paris. Il s’agit dans les temps qui viennent d’imposer un relogement qui permette de maintenir et développer les activités de ce qui fut de fait un centre social parisien alors que le manque de tels espaces politiques se fait cruellement sentir.
Pour contribuer à la suite :
• faites connaître et signer en ligne Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde.
• indiquez à accueil cip-idf.org un n° de téléphone afin de recevoir un SMS pour être prévenus lors d’actions pour le relogement ou d’autres échéances importantes.
Pour ne pas se laisser faire, agir collectivement :
Permanence CAP d’accueil et d’information sur le régime d’assurance-chômage des intermittents du spectacle, lundi de 15h à 17h30. Envoyez questions détaillées, remarques, analyses à cap cip-idf.org
Permanences précarité, lundi de 15h à 17h30. Adressez témoignages, analyses, questions à permanenceprecarite cip-idf.org
À la CIP, 13bd de Strasbourg, M° Strasbourg Saint-Denis
Tel 01 40 34 59 74