Artistes et techniciens du « Soulier de satin »

jeudi 7 août 2003
Dernière modification : mercredi 12 novembre 2003

Artistes et techniciens du « Soulier de satin », tous intermittents, condamnent absolument et unanimement le nouvel accord sur leur régime d’indemnisation chômage agréé le 26 juin, et réclament son abrogation.
Cet accord est destructeur, inique, illégal et inefficace.
Il affirme l’abandon d’une politique culturelle qui a 50 ans d’histoire.

DESTRUCTEUR

Parce que le subventionnement indirect de la Culture par un organisme paritaire(l’UNEDIC) fut en son temps un véritable choix de l’Etat et des professionnels, un choix concerté, réfléchi et démocratique. Il permettait de valoriser le travail du spectacle dans sa spécificité, mais aussi offrait à la vie culturelle française un mode inédit et flexible, indispensables au projet de la décentralisation.
Ce ne sont pas les marges, les plus jeunes ou les plus faibles qui seront seules touchées, mais le centre même de la vie des plateaux.
Dans une projection sur 3 ans, seulement 3 ou de comédiens du Soulier de satin pourront encore se considérer comme professionnels du spectacle.

INIQUE

C’est aux Inspecteurs du Travail (dont l’Etat a réduit le nombre) de corriger les abus du système, non à la profession d’en porter la responsabilité. C’est au Ministère de la Culture de réaffirmer la destination première et fondamentale de ce régime et d’en rappeler la nécessité vitale pour sa propre politique.
Les artistes ne sont pas des assistés. Ils n’ont aucune sécurité de l’emploi et vivent d’un travail qu’ils ont choisi, comme d’autres secteurs économiques subventionnés.
Grâce à cet accord, les abus pourront perdurer, avec un simple ajustement administratif dans les maisons qui emploient de faux intermittents. Seuls ceux à qui ce régime est réellement destiné en seront exclus
Enfin, le montant du déficit dénoncé par le Medef a été calculé sur des bases fallacieuses, ne prenant en compte que les cotisations des ayants-droits et non de tous les affiliés. Quand bien même ce déficit exigerait un rééquilibrage, il n’est pas le premier des secteurs déficitaires, loin derrière l’intérim auquel le Medef ne veut pas toucher.
Les intermittents sont donc des fusillés pour l’exemple afin de décourager tout régime spécifique de se mettre en place.

ILLEGAL

Il serait surprenant que le Conseil d’Etat ratifie un accord qui n’est pas démocratique.
En effet, c’est à peu de choses prés, le montant du salaire et non pas le nombre d’heures effectué qui décidera de l’exclusion du régime.
Mais surtout, un paragraphe entier de l’accord a été corrigé illégalement après signature, sans repasser par la négociation, alors que l’accord stipule, sans repasser par la négociation, alors que l’accord stipule que toute modification rend l’ensemble caduc.
Nous avons confiance en la Justice qui étudiera le recours pour faux et usage de faux.

INEFFICACE

Mais le plus grave est que cet accord ne sera pas même efficace, dévoilant ainsi qu’il n’est qu’une mesure politique. Le déficit qui dis paraîtrait des annexes 8et10 se retrouverait dans le régime général ou au RMI ou encore d’autres secteurs.
Les coordinations d’intermittents ont fait des propositions économiquement viables, pour réduire ce déficit. Aujourd’hui, il nous semble que nous défendons les budgets de la Culturecontre le Ministre lui-même qui a vendu cet outil essentiel de la décentralisation aux intérêts du Medef.

Dans cette lutte, nous incarnons bien plus la responsabilité de l’état dans la vie de l’art et de la pensée que l’Etat lui-même qui défend paradoxale ment des intérêts privés.
Le mouvement des intermittents n’est pas une revendication corporatiste, n’est pas un mouvement désespéré, ’est pas une révolte des marges, n’est pas la demande d’une charité sociale, il est simplement la défense de l’exception culturelle française.

Artistes et techniciens du Soulier de satin.

Adresse originale de l'article : http://www.cip-idf.org/spip.php?article546