Occupation de la salle du conseil d’administration du siège de Pôle emploi ce 3 mai - Grève des chômeurs !

lundi 3 mai 2010
Dernière modification : samedi 5 juin 2010

La Grève des chômeurs a commencé. À Paris ce jour à 12h05, une centaine de chômeurs, intermittents, précaires et CAFards a occupé le siège de Pôle emploi à Paris, avenue du Docteur Glay, M° porte des Lilas.

Une banderole Grève des chômeurs a été déployée au sommet de l’immeuble tandis que les manifestants dégustaient le champagne initialement destiné aux pontes du management de Pôle emploi et débattaient afin de rédiger une déclaration et de préparer la suite de la grève.

Le ministère de l’intérieur a dépêché sur place le Préfet de Paris afin qu’il supervise l’opération de police. Après deux heures d’occupation, environ 250 policiers ont évacué les manifestants, arrêtant la plupart d’entre eux, dont deux syndiqués de Pôle emploi. Au total, 93 personnes ont été interpellées. Certaines ont été placées en garde-à-vue et sont menacées de poursuites pour « outrage à agent », « rébellion » et « dégradations ».

Malgré l’opposition de syndicats du Pôle (SUD, SNU), Pôle emploi risque de porter plainte, entérinant ainsi les accusations d’un État qui ne tolère aucune remise en cause de sa politique de l’emploi et de la gestion des chômeurs. Nous exigeons la mise en liberté immédiate de tous les interpellés et l’abandon de toutes poursuites éventuelles.


Le communiqué des occupants :Champagne pour les chômeurs grévistes !

Les 93 arrêtés ont été libérés à 18h.

France Culture, Journal de 22h00 - reportage pendant l’occupation du siège de Pôle emploi à Paris le 3 mai 2010

Appel de la coordination des collectifs de chômeurs et précaires : tous en grève à partir du lundi 3 mai !

Ni emploi forcé, ni culpabilisation, ni management, grève des chômeurs !

17 affiches pour la grève des chômeurs - CAFards, Montreuil

Une « grève des chômeurs » "¨s’installe à Pôle emploi

Pendant quelques heures, hier, une centaine de précaires ont occupé la direction de l’organisme résultant de "¨la fusion entre l’ANPE et les Assedic. Une action qui veut inviter à relancer un mouvement collectif de chômeurs.

Esseulés, radiés, contrôlés, privés d’emploi et de parole, les chômeurs peuvent-ils réussir une « grève »« ‰ ? C’est la question stimulante qu’à partir d’une proposition émise en Bretagne, sur fond d’explosion du nombre de « fins de droits », posent, à travers plusieurs actions, des dizaines de précaires dans différentes villes du pays depuis hier matin. Selon leurs appels diffusés sur Internet et lors des défilés du 1er Mai, il convient d’« inventer une grève des chômeurs » »‰ : « Précaires, intermittents et chômeurs sont supposés chercher un emploi et filer droit face aux employeurs, aux convocations de Pôle emploi et au suivi individuel, écrivent-ils. Avec d’autres, il est possible d’agir et de gagner en liberté. L’action collective met la culpabilisation à distance et permet de mettre en cause la situation qui nous est faite« ‰ : annulation de radiations, non remboursement d’ »indus" , rétablissement d’allocations interrompues... »

À Rennes, une quarantaine de manifestants ont brièvement occupé les locaux d’une agence de la caisse d’allocations familiales (CAF). D’autres initiatives ont eu lieu à Lorient, Quimper, Brest, Tours, Nice et Montpellier. Mais c’est à Paris que les « chômeurs en grève » ont réussi l’action la plus spectaculaire« ‰ : en fin de matinée, une centaine d’entre eux ont investi les locaux de la direction générale de Pôle emploi. En fin de matinée, ils se sont installés dans les locaux du conseil d’administration et, d’après l’un des occupants contactés par l’Humanité, ils ont « goûté le champagne prévu pour les pontes du management de Pôle emploi ». La direction de Pôle emploi a fait appel aux forces de police pour les déloger. Et d’après plusieurs témoins, ils n’y sont pas allés de main morte »‰ : après avoir défoncé une porte, les policiers ont arrêté et embarqué tous les chômeurs présents, ainsi que deux dirigeants nationaux du SNU, l’organisation majoritaire à Pôle emploi, venus soutenir l’action en cours. « Ils ont bu les bouteilles prévues pour le pot de départ d’une collègue », a fait savoir plus tard dans l’après-midi la direction nationale de Pôle emploi.

Représentant SUD à Pôle emploi, Daniel Mémain, tenu à l’écart de l’occupation, a néanmoins assisté à une « évacuation musclée » justifiée, devant lui, par le préfet de police de Paris au nom de la « sécurité des chômeurs ». Pour Philippe Sabater, secrétaire national du SNU Pôle emploi, ces méthodes sont « le signe d’une radicalisation de la direction générale »« ‰ : « Ils ont choisi l’affrontement. De tous les côtés, la vitrine de Pôle emploi s’effrite et tout le monde souffre »‰ : les demandeurs d’emploi à qui on renvoie la violence de la situation économique et les salariés qui subissent les effets de cette inhumanité... »

Dans un communiqué, la FSU « exige qu’aucune poursuite ne soit initiée ». Alors que les syndicats de Pôle emploi étudient ce mardi la possibilité de lancer un mouvement intersyndical reconductible sur l’emploi et les conditions de travail, la « grève des chômeurs » doit, elle, se poursuivre ces prochains jours.

Thomas Lemahieu
L’Humanité


À Rennes, les manifestants ont occupé la CAF avant d’être délogés. À Brest, un Pôle emploi est occupé, d’autres ont été occupés à Lannion, Caen ; d’autres actions ont lieu à Lorient, Tours...

Adresse originale de l'article : http://www.cip-idf.org/spip.php?article5025