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Communiqués de la Chapelle en Lutte

Migrants, réfugiés, précaires, la solidarité n’est pas un crime

Publié, le samedi 15 août 2015 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : mardi 3 novembre 2015


Lors d’une action collective de réfugiés en lutte au centre Emmaüs Pernety [1], quatre personnes ont été arrêtées mercredi soir par la police, puis maintenues en garde à vue durant 48h avant de passer la nuit au dépôt du Palais de Justice de Paris. Elles devraient être déférées au Parquet ce 15 août.

Face à l’atomisation à laquelle on prétend nous réduire, il est plus que jamais nécessaire d’insister sur l’indissociabilité des luttes de précaires.

Les autorités choisissent de répondre aux légitimes exigences des migrants par l’envoi de la police et des procédures judiciaires. En s’attaquant ainsi aux réfugiés et aux migrants, le gouvernement et la Ville de Paris [2] s’attaquent à tous les précaires.

L’accusation de « séquestration » invoquée à l’encontre des arrêté.e.s constitue une énième tentative de criminalisation des luttes collectives [3].
Nous exigeons leur libération immédiate et l’abandon de toute poursuite éventuelle à leur encontre.

Nous nous associons à l’appel à manifester ce samedi 15 août à 16h30 au Lycée Guillaume Budé 7 rue Jean Quarré (Paris 19 / m° Place des Fêtes).
La solidarité est une arme !
N’hésitez pas à informer de ce rendez-vous vos proches, collègues, voisins, amis... présents à Paris en ce jour férié.

Après 48 h de garde-à-vue et 17 heures au dépôt (65h de privation de liberté en tout donc), nos 4 camarades viennent d’être libérée/s sous contrôle judiciaire et avec une date de procès le vendredi 9 octobre devant la 24e chambre. Il y a des gens qui portent plainte, incités par Emmaüs et la police, et dont on ose espérer qu’ils et elles ont conscience des conséquences de leurs actes !
Merci de votre solidarité en attendant de préparer celle à venir.

Après 48h de garde à vue : nos camarades déférés

Nos camarades sont en garde à vue depuis 48 h ce 14 août, l’un d’entre eux est un migrant demandeur d’asile. Ces arrestations font suite à une plainte d’Emmaüs pour une soi-disant séquestration. Nous apprenons à l’instant qu’ils sont déférés.

Ce matin, le 14 août, les migrants en lutte hébergés au centre Pernety ont rédigé un communiqué afin de s’exprimer sur les faits qui se sont déroulés le 12 août. Ils ont entamé une grève de la faim le 11 août pour protester contre leurs conditions d’hébergement et l’absence de leur prise en charge administrative. En effet, il n’y a aucun suivi de leur dossier de demande d’asile. Dans l’après-midi du 12 août, quatre soutiens sont venus exprimer leur solidarité. A cette occasion, les migrants ont demandé à voir des représentants de la mairie de Paris et de l’Ofpra. Devant l’absence d’interlocuteurs, ils ont décidé d’occuper le centre. Les migrants insistent sur le fait qu’ils sont seuls à l’initiative de cette action. Par ailleurs, à aucun moment ils n’ont empêché qui que ce soit de quitter les lieux s’il le souhaitait.

D’après les témoignages des migrants hébergés dans ce centre, la police est entrée par la force et a procédé à l’arrestation des quatre soutiens présents.

Sur la base du communiqué rédigé par les migrants de Pernety, nous ne pouvons que condamner les allégations formulées par Emmaüs, la mairie de Paris et la préfecture. En effet, les migrants réfutent les accusations de manipulation par les soutiens. Cette opération n’a pour but que de discréditer la lutte des réfugiés.

Certains des migrants de Pernety ont repris leur grève de la faim. En effet, la mairie s’était engagée à reprendre le dialogue le lendemain de l’occupation. A ce jour, personne ne s’est déplacé.

Concernant nos camarades retenus en garde à vue, nous savons d’ores et déjà que les droits de la défense n’ont pas été respectés pour certains d’entre eux.

En parallèle, pour se donner bonne figure, la préfecture convoque les médias au centre d’hébergement du Loiret ce jour. Afin de s’assurer qu’aucune critique ne soit émise, la parole des migrants est conditionnée par l’autorisation de la préfecture. Les autorités ne s’y trompent pas, la répression qui s’abat sur les soutiens et les réfugiés a pour objectif de décourager tout velléité de résistance.

Nous condamnons la décision du procureur de déférer nos camarades.
Nous condamnons fermement la répression des luttes sociales.
Nous exigeons toujours la libération de nos quatre camarades et l’abandon de toute poursuite judiciaire. Cet acharnement policier puis judiciaire contre toute forme de lutte et de solidarité est inacceptable.

Nous appelons à une manifestation le samedi 15 août, rdv 16h30 au Lycée Guillaume Budé, 7 rue Jean Quarré, direction République.
Soyons nombreux à les soutenir !
La solidarité n’est pas un crime

La Chapelle en Lutte, 14/08/2015

Communiqué de presse Collectif La Chapelle en Lutte

La solidarité avec les réfugiés se retrouve devant les tribunaux quand les pouvoirs publics mettent en scène les centres d’hébergement.

Après 48h de garde à vue, nos trois camarades et leur traducteur un réfugié sont poursuivis par la justice pour des motifs qui dépassent l’entendement : insultes, menaces et séquestration.

Rappel des faits

Le mercredi 12 août, l’eau ets coupée dans les locaux du centre d’hébergement Emmaüs Losserand (Paris XIVé). C’est cette non-goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Face aux promesses annoncées et non tenues de Pascal Brice (directeur de l’OFPRA) lors des « mises à l’abri » à répétition des mois de juin et juillet, les réfugiés n’ont eu d’autre choix que d’entamer une grève de la faim pour faire entendre leur voix. Nos trois camarades sont venus sur place après avoir été appelés par les migrants, accompagnés d’un réfugié arabophone et francophone pour la traduction, afin de discuter et transmettre les revendications des grévistes.

Ces revendications sont claires et elles sont l’expression de ce qui leur avait été promis lors de l’évacuation du campement de la rue Pajol :

- Accélérer la prise en charge de leur demande d’asile auprès de l’OFPRA.

- Obtenir des conditions d’hébergement dignes : alimentation, hygiène, accès aux soins et prise en charge des transports pour effectuer les procédures, droit de visite.

Les grévistes étaient 24, dont 6 femmes. Voici leur version des faits, publiée dans un précédent communiqué rédigé de leur main. (ndr : cf. autre document ci-dessous)

Nous sommes choqués qu’une association chargée de la défense et du soutien des plus démunis puisse déposer plainte contre un réfugié et des personnes solidaires de la lutte des migrants.
Nous sommes sidérés qu’Emmaüs puisse signer des communiqués de presse aux côtés de la Mairie de Paris et de la préfecture de Police.
L’Abbé Pierre doit se mordre la barbe de voir son association cheminer avec des institutions malheureusement coutumières d’abus de violence et de non respect du droit.

Nous demandons la mise en liberté des personnes déférées et nous exigeons l’abandon de toute poursuite dont elles pourraient faire l’objet.
Nous dénonçons la criminalisation de la solidarité.
A celles et ceux qui nous accusent de violences, nous répondons que la première des violences est institutionnelle et qu’elle a poussé 24 femmes et hommes à se priver d’eau et de nourriture.

Comble de l’hypocrisie et de la malhonnêteté, la préfecture a organisé en ce vendredi 14 août, une visite presse d’un centre hébergement Aurore.
Ce centre n’a pas été choisi au hasard : c’est l’un des plus salubre, des mieux équipés situés dans Paris intra-muros.
La mascarade peut commencer. Les réfugiés sont triés en amont. Les journalistes veulent parler à un Malien ? C’est un Soudanais qui leur est présenté. Et pas question de broncher. De toute façon, les questions passent impérativement par la préfète. Il est scandaleux que des journalistes participent à ces « safaris » au mépris de toutes les règles déontologiques incombant à leur profession.

Afin de dénoncer l’arrestation des trois soutiens et d’un réfugié, les mensonges des pouvoirs publics et pour porter les revendications des migrants qu’ils soient ou non hébergés, le Collectif La Chapelle en Lutte appelle à manifester demain.

Samedi 15 août à partir de 16h30 au Lycée Guillaume Budé

La solidarité n’est pas un crime.
La dignité humaine et le respect du droit ne devraient pas être un enjeu politique.


Communiqué des migrants et réfugiés du centre d’hébergement Pernety Paris 14

Le mardi 11 août 2015 à minuit, nous migrants et réfugiés du centre Pernety avons, de manière collective, décidé de mener une grève de la faim pour obtenir des réponses à nos revendications légitimes face aux conditions inhumaines que nous vivons dans le centre et face au silence que nous a opposé l’administration malgré nos multiples
interpellations pour qu’elle trouve des solutions.

Nous dénonçons la mauvaise qualité de la nourriture, la propreté qui laisse à désirer, la quasi-absence de services de soins médicaux et surtout la lenteur extrême pour les domiciliations et les procédures administratives pour les demandes d’asile, sans oublier l’absence de tickets de transport ou de cartes téléphoniques.

Le mercredi 12 août 2015 à 15h, collectivement et après un énième refus de l’administration du centre de satisfaire nos revendications, nous avons décidé de fermer la porte du centre, nous les migrants et les réfugiés uniquement et non les soutiens extérieurs qui sont venus soutenir notre action. Et quand le directeur a demandé à sortir,
nous l’avons laissé sortir et même, en présence de la police qui est arrivée entretemps, une employée du centre, à sa demande, a pu aussi sortir du centre.

Après l’arrêt de la grève de la faim, une délégation de trois personnes qui se disaient représentantes de la Ville de Paris et de la mairie du 14ème arrondissement est venue nous voir et nous a promis de trouver des solutions mais, jusqu’à ce jour vendredi 14
août 2015, nous n’avons rien vu encore.

Nous avons aussi fourni un document comportant nos revendications aux forces de police sur place et la question est : pourquoi ne nous a-t-on même pas demandé pourquoi nous étions en grève de la faim ?
Pourquoi avons-nous été considérés comme des moins que rien ?
Pourquoi n’avons-nous pas eu respect et considération ?
Nous étions pourtant 24 personnes sur place à ce moment-là !

Paris, le 14 août 2015
Les migrants et réfugiés présents au centre Pernety depuis le 29 juillet

31 août : Chronologie de la lutte en cours des migrant-es de La Chapelle à Paris, par quelques personnes solidaires

10 septembre 2015 :

Répression des luttes de réfugiés et paroles creuses

Pour retrouver toutes les publications sur la lutte des migrant-es de La Chapelle : Lutte des migrant-es de La Chapelle et sur Paris Luttes Infos : refugie-es-de-la-chapelle



Notes :

[3Toute action peut se trouver en butte à la répression. Afin d’éviter de se trouver démuni lors de telles circonstances, nous recommandons la lecture du guide Face à la police / Face à la justice ainsi que Se défendre, Michel Foucault et alii.

Pour mémoire, sur la politique xénophobe de la Ville de Paris : « Papiers ! Liberté ! » - Une chronologie de la lutte des Tunisiens sans papiers à Paris, 2011.



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