La barbarie de nos sociétés concurrentielles et l’extrême faiblesse des luttes collectives, dont celles des chômeurs, précaires et intermittents, paraissent ne plus laisser d’autre marge de manoeuvre et d’action que le sauve-qui-peut individuel, sauf à retourner contre soi la violence sociale subie, comme l’immolation par le feu de Dajmal Chaar l’a indiqué [1].
Malgré la boue fétide des propos énoncés par des oligarques socialistes (« on a tout fait », Michel Sapin, « un problème personnel », dixit Hollande) qui cherchent à dépolitiser radicalement les questions posées, l’acte de Djamal Chaar met en lumière une situation qui n’a rigoureusement pas droit de cité dans l’espace public, si ce n’est en terme compassionnels ou autrement insultants (stigmatisation des ratés et des incapables) : la non indemnisation des chômeurs n’a jamais connu un tel niveau (59% des inscrits à Pôle emploi sont dépourvus d’allocation chômage), la brutalité (indus, radiations, contrôles, etc.) des institutions supposées protéger (aider, accompagner, bla bla bla) les précaires atteint elle aussi un degré inégalé.
Pour ceux que Police emploi nomme - à la suite de la télé réalité - des « candidats » (que le meilleur gagne, à chacun d’éliminer les autres [2]), comme pour les autres, il est nécessaire et possible de ne pas en rester à l’atomisation libérale [3], à la séparation et à la concurrence de chacun d’avec et contre tous ; il est possible et nécessaire de lutter, de s’organiser, de décider, de se défendre, d’attaquer, dans et contre cette société, il est nécessaire d’inventer et de faire vivre des communautés de lutte.
Le collectif Luttons contre la précarité Montpellier participe à l’ouverture d’un local d’expression populaire et y tiendra des AG de chomeurs et précaires, des permanences, des cours de droit du travail et d’autres activités. Oui, nous avons besoin de lieux pour habiter le monde.
Puissent se multipler partout de telles formes d’existence collective, longue vie à ce local d’expression populaire !
Contact : luttonscontrelaprecarite [at] gmail.com
[Montpellier] Suite à l’expulsion du local d’expression populaire par le GIPN
Un goûter est prévu lundi 25 février à 16h sur plan Cabane, ramenez de quoi manger, partager, faire de la musique, jongler (...)
Une assemblée générale du collectif du LEP aura ensuite lieu à 18h au Kalaj, 11 rue Desmazes.
Communiqué suite à l’expulsion du local d’expression populaire
Le 22 février à 18 heures, s’est déroulée dans le quartier Figuerolles sur le Plan Cabane l’ouverture d’un Local d’Expression Populaire. Une soixantaine de personnes a rejoint une dizaine de militants qui occupaient depuis une semaine un bâtiment désaffecté et inutilisé appartenant à la SERM (Société d’Équipement de la Région Montpelliéraine).
L’objectif est de créer un lieu convivial afin de permettre un accès gratuit et non institutionnel à la culture et plus largement à des activités ludiques et sportives. Celui-ci est tourné vers les habitants de tous âges du quartier. Lancer un cinéma gratuit est un des objectifs. Sont aussi prévus des cours de sport et de français, des ateliers de danse, de théâtre, ainsi que des contes et des goûters pour les touts petits.
Malheureusement, cet évènement a rapidement été troublé par une intervention musclée des forces de l’« ordre » qui ont refusé toute discussion. Elles n’ont pas respecté la législation qui nécessite un passage par les tribunaux avant d’ordonner une expulsion. Ce fut une intervention brutale avec des moyens disproportionnés. Plus de 40 policiers anti émeutes ainsi qu’une vingtaine de membres de la BAC, sans compter d’autres corps de police ont investi sans ménagement les lieux. Ils ont frappé violemment plusieurs personnes en s’acharnant sur l’un d’entre eux qui tentait de filmer l’intervention, sans oublier de casser meubles et portes sans raison.
Face à ce déploiement délirant de forces de l’ordre, plusieurs résistants se sont réfugiés sur les toits, soutenus par un peu moins d’une centaine de personnes dans la rue. Allant plus loin dans la folie, la préfecture a fait intervenir le GIPN, pourtant réservé d’ordinaire aux « terroristes » et « forcenés ». Rappelons qu’une intervention du GIPN coûte plus de 30’000 euros, ce qui, ajouté au déploiement policier porte le cout d’une telle intervention à entre 70’000 et 140’000 euros selon diverses estimations, quasiment le prix d’une maison.
Heureusement le GIPN n’a pas rempli ses objectifs, n’arrêtant qu’une personne. Les autres personnes sur le toit ont pu s’évaporer grâce à la solidarité des habitants du quartier.
Une telle intervention est un gaspillage pur et simple de l’argent du contribuable, pour défendre des intérêts privés. Cette répression ridicule et disproportionnée n’empêchera pas l’ouverture d’un Local d’expression populaire libre et gratuit dans les quartiers où ces besoins ne sont pas satisfaits.
Montpellier : des squatteurs délogés avec l’appui du GIPN
Vers 22h30 vendredi soir, les forces de police ont été réquisitionnées par le préfet pour déloger une soixantaine de squatteurs. Ils avaient décidé d’investir un immeuble vide appartenant à la Serm (Société d’équipement de la région de Montpellier), situé rue du Faubourg du Courreau. Les individus sont parvenus sans difficulté à entrer dans l’immeuble.
Intervention du GIPN
Au moment où les forces de l’ordre les ont sommés de partir, trois squatteurs se sont réfugiés sur le toit de l’immeuble. Il a fallu faire venir le GIPN de Marseille, arrivé peu après minuit. Deux personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Elles devraient être remises en liberté dans le courant de la journée avec une convocation ultérieure devant le tribunal.
Yannick Povillon, MidiLibre.fr, 23 février 2013