En décidant d’acculer le Théâtre Paris-Villette à la fermeture, la ville de Paris a décidé de déclencher un conflit politique autour de ses choix en matière de culture. Personne ne peut croire en effet qu’au vu des investissements consentis par elle sur d’autres lieux ou manifestations au contenu artistiques douteux, et à la pérennité problématique, la raison économique ait primé dans sa décision.
En annonçant cette mise à mort programmée, la Ville a d’ailleurs eu soin de signaler qu’il s’agissait d’une décision du maire, soutenue par sa première adjointe et candidate à sa succession.
La politique culturelle de la ville se veut exemplaire. C’est le titre d’une tribune ubuesque signée récemment par les « opérateurs culturels », heureux (ou misérables) obligés du précédent adjoint à la culture de la Ville.
Exemplaire de quoi ? De la préférence régulièrement donnée aux opérations de prestige aux dépends du travail de fond, de l’événementiel substitué à la création, et des équipements privilégiés aux artistes. Cette politique culturelle est à terme toxique pour l’avenir de la ville comme pour le présent de ses habitants.
Sans lieu de création, dans une ville où la spéculation immobilière n’a jamais été sérieusement combattue, quelle place reste-il pour les artistes ? Alors que des énarques illuminés ne rêvent que concentration de pouvoirs de décision, optimisation de l’offre culturelle, proratisation du coût des places, évaluation comptables des œuvres, quelle place reste-il pour les spectateurs ?
Dans le conflit qui oppose la direction du Théâtre Paris-Villette à son donneur d’ordre, la question n’est pas tant de savoir qui a raison et qui a tort - les arguments de la ville ne se donnent même pas la peine de présenter une façade de bonne foi - mais ici, comme pour le conflit des intermittents, qui décide réellement. À qui appartiennent les équipements culturels ? Qui est légitime pour décider de l’avenir d’un lieu ? Des élus qui n’y ont jamais mis les pieds, ou ceux qui quotidiennement l’habitent, et à proprement parler l’animent : artistes, salariés permanents ou intermittents, spectateurs fidèles ou d’occasion ?
Si la ville de Paris se veut exemplaire dans sa politique culturelle, alors qu’elle commence à écouter ceux qui se sont rassemblés, et continueront à se rassembler autour du Théâtre Paris-Villette et qui réclament des lieux pour créer, pour produire des œuvres, pour persister, pour vivre tout simplement.
Concernant le Théâtre Paris-Villette, comme concernant le dossier de l’intermittence, nous ne laisserons personne décider à notre place, dans des bureaux, au terme de négociations opaques. Nous réclamons d’abord la poursuite de la saison telle que prévue, ensuite des engagements sur la pérennité du lieu, et la poursuite dans ces murs d’un projet voué à la création, à l’expérimentation, au risque, à la rencontre, à l’inattendu, à quelque chose qui ressemble à la vie, et pas à la mort annoncée actuellement.
13/10/2012 CIP-IDF
Également, le Théâtre Paris villette doit vivre : http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6366
Communiqué de presse du théâtre Paris-Villette du 18 octobre 2012
La Ville de Paris et son adjoint à la culture Bruno Julliard continuent à faire la sourde oreille au devenir du théâtre Paris-Villette. Pour eux, la saison programmée n’aura pas lieu, et l’activité du théâtre Paris-Villette cessera.
Nous, personnel administratif, technique, et artistique du théâtre Paris-Villette, avec les organisations professionnelles et le public n’acceptons pas ! La programmation a commencé et le prochain spectacle, Dark Spring, doit avoir lieu (7 > 24 novembre).
Suite à notre mobilisation, le Tribunal de commerce a accordé un délai de 3 semaines. Nous réclamons que la Ville de Paris, la Région Ile-de-France et l’Etat mettent à profit ce délai pour se réunir autour d’une table, avec le théâtre Paris-Villette, pour en assurer la pérennité.
Mobilisés pour le théâtre Paris-Villette, nous commençons une veille artistique et militante, et nous mettrons tout en oeuvre pour obtenir des pouvoirs publics que vive le théâtre Paris-Villette.
Paris Villette : Lettre ouverte de Joël Pommerat
Paris Villette : Lettre ouverte de Claire Lasne
Le théâtre Paris Villette doit vivre !
Paris-Villette : douze personnalités du théâtre en colère