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Nous avons besoin de lieux pour habiter le monde

Occupation du 260 rue des Pyrénées : décider collectivement et de manière égalitaire ce qui est bon pour nous.

Publié, le mercredi 13 juin 2012 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : jeudi 21 juin 2012


Nouveau pédégé de l’entreprise France, nouveau gouvernement, et localement, nouveau préfet, les luttes en cours ont, parmi les besoins, les aspirations, les enjeux qu’elles expriment et les actes qu’elles posent, une portée qui, elle aussi, intéresse le grand nombre et chacun de nous : imposer une modification substantielle des politiques qui sont actuellement à l’oeuvre et qui nous détruisent.
Ainsi, par exemple, le 9ème Collectif des sans-papiers est actuellement chez Valls, au Ministère de l’intérieur, afin de l’interpeller sur la situation dramatique
des sans-papiers et la politique qu’il compte mener et appelle à les rejoindre sur place au 11 rue des Saussaies, métro Miromesnil Paris [1].

Voici les nouvelles des occupants du 260 rue des Pyrénées à Paris. Plusieurs rdv publics y sont annoncés, dont ce mercredi 13 juin à 19h, une assemblée ; au menu, compte rendu d’une délégation ce jour au ministère du logement, infos diverses, organiser la suite, etc.

• Jeudi 14 juin : Rendez-vous pour une action à 12h30 devant le go sport à République.

Assemblée tous les dimanches à 17 heures au 260, rue des Pyrénées, métro Gambetta

C’est la crise, partout on nous le dit et tous les jours on la ressent. Mais pour certains ça fait longtemps que c’est la crise, la crise du quotidien : s’entasser dans un logement trop petit et insalubre, se faire expulser parce qu’on a perdu son taf, prendre un crédit revolving parce qu’on est sans sous dès le début du mois, courir dans les transports en communs pour aller faire 2 heures de boulots par-ci par-là pour un quart de SMIC, se faire enlever ses enfants parce qu’on a nulle part où habiter, se faire refuser une demande de HLM parce qu’on est sans-papiers, se faire radier du Pôle emploi et perdre ses allocations, ne plus pouvoir faire les courses dans son quartier parce que les commerces deviennent toujours plus chers et plus chics, se faire contrôler chez soi par un agent de la CAF [2] et devoir se justifier d’arriver à survivre .

Face à cela des collectifs de mal logés, de chômeurs, de précaires, des collectifs contre la restructuration urbaine et contre les expulsions agissent, pour certains depuis plusieurs années, pour arracher des droits, arracher des logements, empêcher des expulsions. Depuis quelques mois ces collectifs ont décidés de se coordonner au sein d’une assemblée [3]. Cette assemblée est ouverte à tous et toutes, à tous les mal logés enragés, expulsés d’ici et d’ailleurs, squatteur-euses, à tous ceux qui se sont déjà fait couper l’électricité ou les allocations, ceux qui en ont marre de claquer leurs salaires pour un petit appart’ humide, aux étudiants en mal de bourse et aux jeunes interdite RSA [4]

Il s’agit de se réunir pour trouver les moyens collectifs de résoudre directement nos problèmes, de s’auto-organiser c’est à dire décider collectivement et de manière égalitaire ce qui est bon pour nous. Pour l’instant les actions coordonnées se sont centrées sur le logement : occupations de bailleurs sociaux, de mairies et autres lieux de pouvoir, dépôts de liste de demandeurs HLM, obtention d’avis de passage de demandes HLM pour les sans-papiers... mais nous comptons bien ne pas en rester-là et dans le temps arracher collectivement les moyens de se loger, de s’organiser, de vivre et de lutter.

Nous ne sommes pas seuls, à Toulouse depuis des mois des mal logés, squatteurs et travailleurs sociaux s’organisent pour occuper des bâtiments vides. Les habitants du CREA (collectif pour la réquisition, l’entraide et l’autogestion) [5] menacés d’expulsion ont engagé une grande bataille pour défendre ce lieu. Là-bas, en Grèce ou en Espagne les plans d’austérité réduisent à la misère des milliers de personnes qui du jour au lendemain ne parviennent plus à subvenir à leurs besoins immédiats, mais la résistance s’organise à travers l’occupation de bâtiments vides, des assemblées de quartier, des cantines populaires, le refus collectif de payer des factures... organisons-nous, défendons nous Ne restons pas seuls !

Contact mel : mallogesacharnes [at] riseup.net


Le business project envisagé au 260 rue des Pyrénées, vide depuis mai 2010 :

Communiqué de soutien du collectif NRV

Auto-organisation, et si les travailleurs sociaux faisaient un pas de côté ?

Depuis quelques jours un immeuble appartenant à la Poste situé au 260 rue des Pyrénées Paris 20ème est occupé par des précaires, des familles et des mal logés ; le collectif NRV (collectif de travailleurs sociaux) apporte son soutien à cette occupation.

• Face au manque de moyens, au manque de logements, à la spéculation immobilière,
• alors que les pouvoirs publics (les préfectures et les collectivités locales) ne font qu’inventer et réinventer des dispositifs creux,
• alors qu’il y a des batiments vides,
Qui peut dire que l’auto-organisation et la réquisition ne sont pas des solutions ?

En tant que travailleurs sociaux nous recevons de plus en plus de personnes avec une demande de logements urgente, on nous demande de remplir tels ou tels dossiers qui n’ont d’autres effets que de donner de faux espoirs.
En exemple, depuis 2008, à grand renfort de coups médiatiques, la loi DALO est mise en place (Droit Au Logement Opposable, censé garantir un logement pour touTEs). La loi stipule que les personnes sans logement et jugées prioritaires peuvent engager des procédures judiciaires à l’encontre de l’Etat et exiger de celui-ci le paiement d’une astreinte pour non-respect de la loi.
La réalité est tout autre. Les personnes ayant saisi le tribunal administratif ne recevront jamais directement de réparation financière, l’astreinte sera versée au Fond Régional d’Amménagement Urbain autrement dit à l’Etat. L’Etat condammne l’Etat. Ce genre d’aberration nous y sommes confrontés quotidiennement.

Et si les travailleurs sociaux faisaient un pas de coté ? Soutenir les réquisitions de logements vide, cesser de servir la soupe (qui d’ailleurs n’est pas bonne) des collectivités locales, des institutions publiques et des diverses associations qui nous « mythonent ».

Alors que la précarité traverse de plus en plus les institutions sociales (financements limités, faillites d’associations, appels à projet restrictif...) pourquoi devrions-nous maintenir nos prérogatives de petits employés éclairés soumis au devoir de réserve ?

Nous sommes censés répondre à des nécessités, pourtant de plus en plus souvent les travailleurs sociaux font tourner (d’ailleurs assez mal) des lois ou des dispositifs qui ne font qu’alimenter des procédures de contrôle. On justifie l’inaction des pouvoirs publics par le profilage toujours plus sophistiqué et aberrant DU précaire ingrat et indocile, qu’il faut démasquer et punir.

Au dela du discours économique qu’on nous assène sur la dette et sur la pseudo responsabilité de chacun sur l’état des finances publiques [6], nous avons touTEs besoin de se loger, on n’habite pas des lois...

Le 13 juin 2012,

Collectif NRV
http://collectif-nrv.over-blog.fr/

Le ministère du logement déclare « nous n’avons pas de pouvoir »

Communiqué du 13 juin 2012

Depuis vendredi 8 juin 2012, nous occupons un ancien centre d’hébergement social appartenant à Toit et Joie (bailleur social de la Poste), vide depuis mai 2010 et situé au 260 rue des Pyrénées.

Nous avons créé ce lieu de vie, d’organisation et de lutte pour obtenir directement ce dont nous avons besoin et mettre la pression sur ceux qui pourrissent notre vie au quotidien. Habitant-e-s et voisin-e-s se rencontrent depuis une semaine devant le 260 rue des Pyrénées, autour de tables d’information et de soutien, de goûters et de discussions. La solidarité se tisse jour après jour, on nous apporte nourriture, couvertures, matelas, etc. De plus en plus de personnes nous demandent aussi une aide concrète face aux galères de logement.

Mairies, bailleurs, élus de tous bords organisent la politique du logement. Les logements sociaux, c’est un véritable business. Toit et Joie y participe. Quand les bailleurs rachètent des immeubles, les loyers augmentent toujours. (Par exemple, Toit et Joie, groupé avec d’autres bailleurs, a racheté des immeubles d’une filiale de la Caisse des Dépôts, ce qui a fait immédiatement augmenter les loyers de 20%).

Dès lundi 11 juin, une délégation de 5 personnes s’est rendue à Toit et Joie afin de déclarer l’occupation du 260 rue des Pyrénées et de s’assurer de la pérennité du lieu. Le bailleur a refusé de les laisser entrer et a appelé la police. Les 5 personnes ont été bloquées dans la cour et ont subi un contrôle d’identité.

Le même mépris a caractérisé la rencontre du 13 juin au cabinet de la Ministre du Logement, Cécile Duflot. Nous avons obtenu ce rendez-vous grâce à une intervention le 7 juin dernier lors de son meeting de campagne. Elle n’a pas daigné nous recevoir personnellement. Une délégation de 4 personnes a été reçue par son directeur adjoint de cabinet, Jacques Archimbaud, et par Pauline Lavaux, conseillère parlementaire. Notre délégation a présenté les revendications suivantes :

1) des logements sociaux pour tous les gens qui en ont besoin, et notamment celles et ceux dont les noms sont écrits sur les listes de mal logé-e-s que nous amenons

2) des papiers pour tout le monde et notamment pour celles et ceux qui en ont besoin parmi nous

3) le maintien dans les lieux pour les habitant-e-s du 260 rue des Pyrénées jusqu’à leur relogement

4) le maintien de tous les lieux habités du CREA (Collectif pour la Réquisition, l’Entraide et l’Autogestion) de Toulouse.

Etrange endroit qu’un lieu de pouvoir comme le Ministère du Logement. On y trouve un directeur adjoint déclarant : « Nous sommes contre les expulsions sans relogement, mais nous n’avons pas de pouvoir » . Il a refusé de soutenir notre occupation auprès de la préfecture et du bailleur, nous assurant simplement que s’il y a expulsion cela se fera dans les règles : « la procédure doit être respectée, vous êtes là depuis longtemps, vous ne pouvez pas être expulsés sans décision judiciaire ».

Suite à ce rendez-vous Jacques Archimbaud, à défaut de nous fournir un papier officiel signé par le ministère, nous a envoyé le mail ci-dessous, dans lequel il déforme nos revendications et ignore même celle concernant la pérennisation du 260 rue des Pyrénées. Néanmoins le ministère s’est engagé à examiner avec sérieux les dossiers de demande de logement. Il nous recevra à nouveau dans deux semaines, le 27 juin.

Parallèlement à la rencontre au Ministère, un autre groupe a occupé l’Union sociale pour l’habitat qui est la fédération des sociétés HLM. Le délégué général, Thierry Bev, s’est engagé à faire la médiation entre les habitant-e-s du 260 rue des Pyrénées et le bailleur Toit et Joie. Il a communiqué par fax nos revendications au Ministère du Logement ainsi que la liste des mal-logé-e-s.

Pour obliger le Ministère à satisfaire nos revendications, nous vous invitons à nous rejoindre dans nos actions, et ce dès jeudi 14 juin à 12h30 devant le Go Sport, métro République.

Ne les laissons pas dicter la temporalité de nos luttes. Organisons-nous, exigeons des logements pour tous ceux qui en ont besoin et l’arrêt des expulsions.

Assemblée des mal-logé-e-s tous les dimanche à 17h au 260 rue des Pyrénées, métro Gambetta.

Des mal-logé-e-s acharné-e-s.
Contact mel : mallogesacharnes [at] riseup.net


Original Message ----------------------------
Subject : Suite rendez-vous du 13/06
From : « Secretariat Archimbaud - Cabinet Duflot. »
 territoires.gouv.fr>
Date : Wed, June 13, 2012 8:26 am
To : mallogesacharnes riseup.net


Une délégation mandatée par l’AG des occupants du 260 rue des Pyrénées a
été reçue ce jour au Ministère de l’égalité des territoires par Jacques
Archimbaud Directeur Adjoint du cabinet de Cécile Duflot et Pauline
Lavaud, conseillère parlementaire.
Elle a transmis une liste de 97 demandeur de logements sociaux à Paris, de
8 habitants expulsés du 2 chemin des Grésillons à Saint Denis, une liste
de 38 personnes du collectif des mal logés du 18ème sans frontières.
Elle a demandé le relogement de toutes ces personnes, l’accélération de
la construction de logements très sociaux à Paris, la régularisation de
tous les sans papiers, le maintien de tous les lieux habités du CREA de
Toulouse.
Les représentants de la Ministre ont indiqué qu’ils transmettraient ces
listes à des fins d’examen sérieux aux administrations parisiennes
compétentes pour un traitement collectif de ces demandes en lien avec la
délégation du 260 rue des Pyrénées.
Ils ont réaffirmé leur attachement au respect des procédures légales
concernant le traitement de tous les lieux occupés.
La délégation sera reçue à nouveau le 27 juin à 15 heures.

Paris le 13 juin 2012

Occupation du 260 rue des Pyrénées, Communiqué du 13 juin 2012

20 juin : Reçus par la mairie, embarqués par la police

Jeudi 21 juin à 8h30
Petit dej contre l’expulsion du 260 rue des Pyrénées

L’huissier est passé remettre l’assignation en justice (en référé) aux occupants du 260 rue des Pyrénées, vendredi 15 juin. Le procès se tiendra jeudi 21 juin à 9h30, au Tribunal d’instance, mairie du 20e, métro Gambetta.

Le bailleur, Toit et Joie, a assigné 23 personnes en justice. Il demande des indemnités de 500€ par personne et par mois alourdies à 500€ par jour à compter de la décision d’expulsion. Voilà comment un bailleur dit « social » engage la discussion : en attaquant financièrement des mal-logés et des sans-logis.

Un petit déjeuner de solidarité aura lieu devant le 260 à partir de 8h30, pour ensuite aller ensemble au procès.

des infos sur https://paris20.noblogs.org/

L’introduction qui précède le tract « Occupons les logements vides » et les notes qui suivent sont de la rédaction.

Des infos, dont un communiqué de soutien de SUD postaux Paris, publiées du 11 au 13 juin : Logement pour tous : Occupation d’un immeuble au 260 rue des Pyrénées à Paris



Notes :

[19ème Collectif des sans papiers : http://9emecollectif.net/.

[3Plus d’infos sur ces assemblées sur https://paris20.noblogs.org/.

[4Un retour sur la façon dont une (in)certaine gauche a, depuis 1988, décidé et soutenu cette interdiction du revenu minimum aux moins de 25 ans du revenu minimum, lors de l’instauration du RMI, une mesure qui a contribué à dresser à la précarité de générations successives d’entrants dans le salriat : À gauche poubelle, précaires rebelles - Cargo, mai 1998

[5Le blog du CREA Toulouse : http://creatoulouse.squat.net/, la pétition contre l’expulsion du centre social autogéré, signalble en ligne.

[6Voir à ce sujet une analyse de cette modalité de gouvernement par la dette, Dette objective et dette subjective, des droits sociaux à la dette - Enquête collective.

À Paris comme ailleurs, arr€t€z vos salad€s, balanc€z l’os€ill€ ! un petit mode d’emploi d’une action sociale municipale dont la Ville de Paris se garde bien d’informer les nécessiteux. Vous y trouverez des recettes pour arrondir RSA et bas salaires à trous, ou pallier (trop partiellement) l’absence de revenu, faites le connaître autour de vous !

Le social, à Paris, ville et département socialiste, c’est aussi ça : « Absurdité », « torture morale », une enquête sur le RSA à Paris , à quoi il est possible de s’opposer, voir, par exemple Nous, RSAstes Parisiens,.



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