Public, cher public
Pendant cet étrange été qui fut l’été de tous les excès, beaucoup ont découvert le mot intermittent dans le même temps qu’ils découvraient qu’un problème y était associé. Ils découvraient que la France était le seul pays d’Europe à bénéficier depuis 30 ans d’un régime spécifique d’assurance chômage pour les artistes et techniciens du spectacle vivant et de l’audiovisuel, mais que ce régime devait être modifié. Ils découvraient que la création artistique et notamment la jeune création n’existait avec tant de vigueur que grâce à ce régime mais que des abus divers et l’inflation du nombre d’intermittents avaient creusé de façon impressionnante le déficit de l’UNEDIC.
Ce régime tient heureusement compte de la discontinuité de l’emploi et de la multiplicité des employeurs pour une même personne, spécificité propre à ces professions. L’émoi, les réactions provoquées par le nouvel accord UNEDIC, signé le 26 juin par le MEDEF et les syndicats CFDT, CGC, CFTC, mais contesté par les autres syndicats et la profession presque unanime, parce qu’il réduit significativement la portée de l’accord initial, ont révélé bien plus qu’une contestation d’un accord qui remettait en question des avantages.
Ces réactions parfois violentes révélaient l’angoisse et le doute quant à la place que la société de la France d’aujourd’hui était prête à faire à l’art.
Le Théâtre de la Cité internationale, dont la mission est d’accueillir les artistes les plus novateurs dans le domaine du théâtre et de la danse, a employé et accueilli la saison dernière près der 300 intermittents. Nous nous inquiétons des répercussions que ce nouvel accord va avoir sur le travail et les productions de ceux qui sont les plus fragiles, mais aussi les plus créatifs, ceux qui ont besoin qu’on leur permette de mûrir, d’expérimenter, de se tromper.
Nous savons que c’est avec le public que s’élabore un parcours d’artiste et nous souhaitons d’autant plus, en ces temps troublés vous associer à nos interrogations sur la place de l’artiste.
Dans notre théâtre, comme dans beaucoup d’autres, salariés permanents et intermittents mettent ensemble leur savoir-faire et leur engagement au service des projets artistiques qui composent nos saisons.
Ensemble nous réaffirmons notre volonté de défendre la création d’aujourd’hui en vous présentant des spectacles et des aventures artistiques qui sont la meilleure réponse à donner à ceux qui voudraient les mettre en péril.
L’équipe du Théâtre de la Cité internationale