Petit texte de la coordination des chômeurs et précaires de Rennes en vue des mobilisations à venir... Texte proposé aux collectifs qui souhaitent se l’approprier, avec ses revendications et rendez-vous propres...
On entend que la rentrée sera chaude. Nous pouvons raisonnablement espérer que malgré le rituel syndical des manifestations mensuelles parfaitement inoffensives, les mobilisations dans les semaines à venir sortent de ce carcan. C’est dans ce contexte que la grève des chômeurs prend encore plus de sens.
La rhétorique et les pratiques fascisantes du gouvernement semblent inquiéter de plus en plus de gens. Les expulsions des camps des Rroms en sont la preuve. Elles sont l’exemple grossier d’une forme de gouvernement qui pour réguler la crise du capitalisme contrôle, divise les populations et gouverne par la peur. Peur de perdre son maigre salaire, son boulot de survie et son « pouvoir d’achat ». Peur de perdre ses misérables allocations, d’être soupçonné de profiter d’allocs mirobolantes. Peur de se trouver en garde à vue, ou pire, lorsqu’on manifeste sa colère. Peur de payer très, très cher le moindre affrontement avec une police de plus en plus violente. On est de plus en plus nombreux à ne plus supporter l’obscénité d’un pouvoir alliant l’affirmation des privilèges d’une caste de riches, de patrons et de politiciens, et le mépris des classes populaires.
Les questions posées par la grève des chômeurs demeurent plus que jamais pertinentes. La gestion de la précarité reste la colonne vertébrale d’une subordination qui prend les formes diverses de la soumissions aux logiques de la concurrence de tous contre tous, à l’intériorisation de la motivation pour un entrepreneuriat de soi, aux logiques managériales. Bref, l’imposition d’idées de l’existence toute entière soumise aux lois de l’économie et de la valorisation capitaliste.
Nous avons été nombreux durant cet été à participer aux collectifs de soutien des Rroms : nous avons pu constater leurs formes d’auto-organisation collective dans des situations d’extrême précarité et dans un contexte de traque policière permanente. Leur précarité est aussi la nôtre.
Durant l’été de nombreuses rencontres ont eu lieu aux quatre coins de l’Hexagone pour organiser le refus collectif de cette politique et pour imaginer le mise en place de formes coopératives de travail et de vie : depuis des expériences d’autonomie matérielle sur la base du travail coopératif faisant défection à la logique marchande, jusqu’à l’appropriation de l’habitat et plus généralement des modes de vie qui ne dévastent pas nos rapports avec notre environnement. C’était nos universités d’été contre les leurs. Parions que notre été fut plus beau que le leur.
Il s’agit, désormais et dans les temps à venir, pour les collectifs de chômeurs et précaires en lutte de diversifier ces formes d’intervention : de partager des expériences coopératives, des liens avec des secteurs dissidents du syndicalisme et des luttes ouvrières, de s’enraciner dans les territoires métropolitains et dans les campagnes qui en font désormais partie. Il y a un temps pour la constitution de bases matérielles d’autonomie, pour la liaison avec des secteurs en crise du travail salarié et il y a un temps pour des interventions de blocage des modes de gestion du travail, de la précarité, du chômage. Il nous faut articuler les deux. Il semble nécessaire d’allier des formes d’intervention spectaculaires avec des interventions d’autodéfense et de blocage dans les Pôle Emploi.
Le 24 août à Rennes il y a eu des actions auprès de plusieurs agences de Pôle Emploi et une intrusion à France 3 avec des chômeurs et précaires de Rennes, de Lorient, de Brest... C’était le début de notre rentrée. La suite de celle-ci s’accordera aux mouvements de contestations du 4 et du 7 septembre contre la xénophobie d’État et la reforme des retraites.
Dans ce contexte, il s’agit d’approfondir les liens avec un mouvement populaire de résistance comme avec un syndicalisme de combat. Certains syndicats appellent à la grève reconductible dans des Pôle Emploi comme dans l’éducation nationale. En intervenant de façon coordonnée, nous ferons notre possible pour les aider à se mettre en grève et pour, dès le 8 septembre, les aider à la reconduire.