(...) « les réformes récentes laissent peu de place à l’expression des choix personnels et professionnels du chômeur, en dépit de la mise en place - ou de la proclamation - d’un accompagnement personnalisé vers l’emploi. D’un point de vue juridique, la recherche d’emploi et l’accès à la formation pendant la période de chômage se coulent principalement dans des obligations légales du demandeur d’emploi, dont le contenu repose sur un large pouvoir d’appréciation des autorités administratives. » Telle est la conclusion de l’article ci-dessous qui décrit le durcissement des obligations des chômeurs tout en indiquant des pistes pour l’action contentieuse.
Illisible, insaisissable, inopérant, voilà comment se présente « le droit » pour les chômeurs. Les « recours gracieux » s’exercent auprès d’instances qui sont à la fois juge et partie, ce qui, du point de vue des ayant droits, limite radicalement leur efficacité. Lorsque l’action collective prend le relais, au guichet, cela permet de gagner des litiges, le plus souvent sans que soit entamé le fonctionnement régulier de ces machines à produire de l’incertitude que sont les institutions sociales.
Le choix de l’action contentieuse peut-il déboucher sur des modifications plus générales de la jurisprudence, c’est-à-dire des moeurs et décisions administratives auxquelles sont confrontés les précaires ? Les Matermittentes recalculées, en attaquant Pôle emploi au TGI, vont chercher une réponse à cette question.
D’autres auront également à le faire à l’avenir. Ils pourront se référer utilement à l’article qui suit. Celui-ci fait entre autre chose le point sur la détermination de la juridiction compétente en cas de contestation : selon le type de contentieux, le problème et/ou la prestation, le contentieux sera soit administratif (TA), par exemple pour une radiation ou un refus d’ASS, soit judiciaire (TGI), par exemple en matière d’attribution d’une prestation d’assurance chômage.
Le demandeur d’emploi à la recherche de ses obligations
En quelques années, le législateur et les partenaires sociaux ont instauré un nouveau cadre juridique en matière de chômage. Le service public de l’emploi a été réorganisé autour d’une institution publique, Pôle Emploi (2). La relation entre l’usager et le service public de l’emploi, redéfinie en termes « d’engagements réciproques », s’est enrichie de nouveaux instruments en ce sens (3). La création du RSA (4) et l’adoption d’un nouveau principe gouvernant l’ouverture du droit à l’allocation d’assurance chômage (5) ont transformé les modalités de l’indemnisation des chômeurs. Ces évolutions parallèles impliquent sans doute une mutation profonde des droits sociaux des personnes en situation de non-emploi (6) ainsi que des rapports entre l’emploi et la protection sociale (7). Sur le plan de la technique juridique, elles invitent à s’intéresser de nouveau à la situation juridique du chômeur. À cet égard, la nouvelle architecture du Code du travail ne peut
passer inaperçue.
Une nouvelle structure du droit du non-emploi s’impose dans le Code du travail depuis 2007, du fait de l’opération de recodification. Auparavant disséminées dans le Code du travail, les dispositions sont désormais réunies au sein d’une cinquième partie, intitulée « l’emploi » (8). Un livre est consacré au « demandeur d’emploi » (9), lequel se voit conférer des « droits et obligations » (titre premier du livre). Le Code évoque également un type particulier de demandeur d’emploi, le « travailleur involontairement privé d’emploi », seul à pouvoir prétendre à une indemnisation (titre deuxième du livre). En matière de non-emploi, la recodification remplit certainement sa mission de rendre le droit plus intelligible et plus lisible. Le regroupement des dispositions relatives au placement et à l’indemnisation peut être salué, d’autant plus qu’il apparaît cohérent avec la nouvelle organisation du service public de l’emploi. Toutefois, la structure et les termes choisis ne sont pas neutres. Il y a tout lieu de penser qu’ils ont été longuement pesés (10).
Ainsi, la proclamation du demandeur d’emploi comme titulaire de « droits et obligations » retient particulièrement l’attention. (...)
Plan
• L’objet des nouvelles obligations des demandeurs d’emploi : PPAE, accompagnement individualisé, offre raisonnable d’emploi
• Le contrôle juridictionnel des décisions prises à l’encontre des demandeurs d’emploi : le juge compétent ; l’étendue du contrôle du juge
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