Aujourd’hui, 29 janvier 2009, une action d’autoréduction a eu lieu à Rennes dans un Leader Price ; suit le compte-rendu de l’action et les deux textes qui y ont été diffusés.
Une soixantaine de personnes se sont retrouvées peu avant le passage de la manifestation pour réaliser une auto-réduction au Leader Price. Après être rentrées et s’être servies abondamment, elles ont bloqué les caisses afin de négocier la gratuité de leur butin. Le gérant du supermarché, refusant toutes négociations, a tout de suite fermé les portes avec la plupart de nous à l’intérieur. Aussitôt une dizaine de flics de la Bac et une trentaine de nationaux sont arrivés. L’expulsion s’est faite manu-militari, non sans nombre de coups et de menaces. Malgré nos quelques bleus et nos ventres vides, nous nous obstinons à vouloir guillotiner l’argent roi et sa reine marchandise et à poursuivre les actions que cela implique.
Jacquerie métropolitaine
Il était une (nouvelle) fois un mouvement de chômeurs et précaires en lutte contre l’Argent Roi.
Tout le monde connaît l’histoire de l’Argent Roi ; on ne rencontre guère plus sur nos chemins un quidam ignorant son règne.
Voilà un roi qui n’a point de titre de noblesse, dont la culture est des plus dérisoires et vulgaires, dont l’esprit est court et méchant. Sous l’apparence du snobisme et de l’indépendance, il parvient mal à cacher son coeur avare, jaloux et cupide. Son domaine est l’économie : un sol nourri de l’exploitation, un horizon qui a de tout côté la couleur des guerres interminables et les teintes, de plus en plus criardes, de la misère. L’argent Roi s’est fait un château du monde entier, un château que l’on ne parvient ni à quitter ni à détruire.
Le peu de scrupule d’un tel monarque n’est un secret pour personne. Ainsi retrouve-t-on jusque dans les beaux quartiers de son immense domaine des lieux réservés à la pauvreté. Leader price est l’une de ces places dont le seul nom évoque la subsistance laborieuse, les produits de basse qualité, un lieu où soupirent les fatigués de l’injustice et les proies de la précarité : précarité des employés, précarité des clients. Ainsi devient-il par trop patent que les yeux de ses patrons brillent d’un éclat plus fort à chaque fois que le nombre de pauvres vient à grandir. Chez Leader price, plus les pauvres sont nombreux plus il y a du profit.
Seulement nous ne sommes plus très dociles, la charité ne nous va pas, le dénuement et la mendicité ne nous apparaissent aucunement désirables. Peut-être serions-nous même quelque peu espiègles ? Peu farouches devant les menus larcins, assez désobligeants pour faire fi des conventions et de la bienséance, nous aimons à caresser l’idée de détrousser les sbires et les valets de ce Roi dont les poches sont si profondes qu’elles semblent comme des puits sans fin.
Aujourd’hui est jour de carnaval. Une grande partie du château est en ébullition : la vile populace refuse de payer une crise dont elle n’est pas la cause. Elle a décidé d’envahir les places et les arcades et menace de changer tous les rôles de cette triste histoire. C’est au sein de cette ambiance, soucieuse bien que festive, que nous, qui ne travaillons pas ou mal, nous sommes réunis pour accompagner d’une petite offense cette promesse de révolte... comme pour s’accorder aux nombreux forfaits qui devraient avoir lieu en ce jour de retrouvailles populaires.
Nous détroussons certes ; peut-être serait-il plus juste de dire que nous reprenons un peu de ce qui devrait nous être dû tant il est mal partagé. Nous ne savons que trop qu’un tel acte est sans commune mesure avec la réalité des injustices. Cela ne doit être qu’un début, un fil tissé entre nos rêves et la réalité, un pont-levis au bout duquel tomberont toutes les Bastilles (et leurs succursales financières), au bout duquel nous en finirons avec la tyrannie économique.
... Alors, guillotinons l’Argent Roi !
Autoréduction chez Leader Price aujourd’hui
Le mouvement des chômeurs et précaires en lutte (MCPL) organise ce 29 janvier une action d’auto-réduction au Leader Price de Rennes. Une auto-réduction consiste à imposer une baisse du prix des produits à un fournisseur et, en l’occurence ici, à obtenir la gratuité de nos caddies.
En ce jour de grève interprofessionelle des salariés du privé et du public, jour de mobilisation pour les associations, syndicats, organisations et autres collectifs militants, qui s’inquiètent de l’amplification de la pauvreté et de la précarisation que génère la politique gouvernementale, en ce jour, donc, où s’exprime « notre refus de payer leur crise » , notre action vise l’un de ces temples du capitalisme que sont les magasins de grande distribution. Pas n’importe lequel non plus : le seul nom de Leader Price évoque la pauvreté, une subsistance laborieuse, des produits de basse qualité, un lieu où les proies de l’injustice et de la précarité, employés comme clients, se croisent sans jamais se rencontrer. Derrière la façade condescendante et pseudo-charitable des « supermarchés des plus démunis », on discerne sans peine les yeux des grands patrons qui doivent briller d’un éclat plus fort à chaque fois que le nombre de « leurs » pauvres vient à grandir. Pour une telle enseigne, plus les pauvres sont nombreux plus il y a du profit.
Le MCPL depuis plusieurs mois s’emploie à combattre la logique d’exclusion qui sous-tend les mesures gouvernementales de « traitement du chômage » et de précarisation de l’emploi. Il tend à nouer des liens durables et consistants avec les nombreux salariés de l’ANPE et des Assedic qui refusent la fusion de leurs 2 activités, avec les « travailleurs sociaux » qui voient leur fonction se réduire à une fonction de contrôle, de surveillance et de mise au travail forcé, malgré la multiplication des situations difficiles. Il aspire également à opérer une liaison et des solidarités effectives entre chômeurs, salariés licenciés, intérimaires et autres employés précaires. Enfin, il vise à multiplier des actions comme celle d’aujourd’hui, action de réappropriation et d’auto-redistribution des richesses disponibles mais confisquées sous l’ordre cynique de la concurrence et de la logique marchande.
Notre problème n’est pas essentiellement financier. « Nous ne paierons pas leur crise » ne désigne pas un attachement à un pécule que nous n’avons d’ailleurs pas : c’est bien plus profondément un cri de colère, une menace adressée aux nantis de l’économie et de la politique. Ceux-là même qui nous refusent un rôle et une capacité à influer sur la politique à venir, sur les décisions à prendre, tout autant qu’ils nous astreignent à des conditions de subsistance et de travail que nous ne voulons plus tolérer. Non seulement nous ne paieront pas « leur » crise, mais plus encore nous nous organisons en vue de les congédier avec elle.
MCPL, 22 rue de Bellevue, Bus 3, arrêt J. D’Arc
mcpl2008 gmail.com
Permanence les lundis de 18 à 20h et jeudi 17 h à 19 h