Lundi 5 janvier : agents et usagers en manif devant le nouveau siège de Pôle emploi
Réseau Solidaire d’Allocataires
Spectacle impressionnant au métro Trinité : des camions de flics partout sur la place.
Que protègent-ils ? Une ancienne ANPE : la pancarte a été déboulonnée, et à la tête un nouvel autocollant a été apposé sur les vitres « Instance Nationale Provisoire ».
Nous sommes devant le nouveau siège de Pôle Emploi : oui, oui, nous parlons bien du même Pôle Emploi que Laurent Wauquiez et le Président de l’Unedic qui nous dépeingent une organisation moderne, performante, totalement renouvelée pour le plus grand bien des demandeurs d’emploi.
Chômeurs et précaires , nous ne vivons décidément pas dans le même monde que Wauquiez et son supplétif.
Les locaux semi désaffectés et déguisés en siège flambant neuf sont à l’image du reste : le « meilleur service » aux précaires, nous en avons une nette idée, tous les jours : un dossier d’ASS dans le Val d’Oise, c’est quatre mois d’attente pour être indemnisé. Les radiations touchent non seulement les chômeurs qui ne veulent pas reprendre n’importe quel boulot mais aussi les salarié(e)s qui qui ont droit à un complément et qu’on convoque sciemment et de manière massive les jours de boulot.
En dehors de convocations collectives pour des stages bidons, et des dix minutes de pointage et de harcèlement mensuel, le suivi c’est de toute façon de moins en moins d’offres d’emploi, zéro formation, et pas un rond.
Même décalage entre Charpy le président de Pole Emploi et la réalité de la colère des salari(é)s : après une grève historique le 17 décembre, une autre prévue jeudi, celle d’aujourd’hui a entrainé la fermeture totale d’une trentaine d’antennes ASSEDIC, et d’au moins une centaine d’ANPE. Mais pour Charpy, pas de problème, les salarié(e)s sont heureux !
On se demande, devant cette satisfaction généralisée pourquoi les flics étaient si nombreux ce matin, pourquoi le siège de Pôle Emploi était cadenassé et surveillé par des vigiles.
Peut-être parce que les agents, malgré le froid étaient plusieurs centaines très déterminés rien qu’à Paris.
On se demande aussi, si les chômeurs sont tous indemnisés en temps et en heure par Pôle Emploi, ou par le mirifique RSA, si eux aussi sont immensément contents du service rendu pourquoi la moindre diffusion de tracts, le moindre rassemblement de chômeurs et précaires dans une CAF entraine l’arrivée immédiate de forces de police.
Pourquoi les supermarchés commencent à prendre peur au point de déposer plainte dès que quelques chariots sont réquisitionnés par les précaires, c’est à dire payés au juste prix , et encore, pour que les pauvres puissent récupérer ce que la grande distribution leur a volés avec l’augmentation des prix ces dernières années, c’est le magasin entier plus des chèques cadeaux qu’il faudrait emporter !
En tout cas, propagande ou pas, nous étions ensemble précaires et agents de Pôle Emploi dans la rue aujourd’hui et jeudi, et tous les jours bientôt au train ou vont les choses.
Vendredi 9 janvier : Pôle Emploi en Panne, précaires en colère
Pour le Réseau Solidaire d’Allocataires, la disparition de l’ANPE et de l’ASSEDIC, ....et de leurs sites et téléphones respectifs a eu une conséquence immédiate. Dès mardi, nous ne cessons de recevoir des appels de précaires : ceux ci ont vainement composé le 39 89, ont tenté de se connecter au site, mais ça ne marche pas. Comme nos actions nous emmènent un peu partout dans les agences d’Ile de France, du coup, nous sommes référencés même quand on tape simplement le nom de l’agence ! Du coup, les précaires qui ont un besoin urgent de s’inscrire ou de se réinscrire nous appellent, avec l’espoir ténu de tomber sur un numéro de Pole Emploi qui fonctionne.
En fin de semaine, notre solidarité avec les agentEs de Pole Emploi a monté d’un cran : ça y est, on sait ce que c’est de répondre sans arrêt à des précaires en galère sans pouvoir résoudre quoi que ce soit.
En tout cas par la communication virtuelle !
Donc ce vendredi, on reprend les bonnes vieilles méthodes : la marche à pied jusqu’à l’agence ANPE, pardon, Pôle Emploi de la rue Jean Cottin, et l’irruption collective dans les locaux pour exiger que la direction se débrouille avec le bordel qu’elle a mis en place.
Entre autres, une double radiation : c’est la nouveauté de Pôle Emploi, pas plus d’agents, pas plus de fric pour les précaires, mais plus de contrôles et de sanctions. La personne que nous accompagnons, en l’ocurence a été radiée deux mois par une ANPE dont elle ne dépend pas, et conjointement par l’ASSEDIC qui lui impute comme salaires non déclarés le montant de son allocation chômage !
Alors à quoi ressemble une ANPE transformée en Pôle Emploi ? A une maison de fous !
La queue devant le téléphone : la plupart du temps, le 39 89 répond : « Veuillez rappeler ultérieurement, nos agents sont tous occupés ».
Ca, soyons honnêtes, la plate forme précédente savait le faire aussi !
Mais celle-ci renferme plein de nouveautés
Désormais, avant de parler à un agent, il faut taper un numéro de téléphone, ou l’on sera éventuellement rappelé. Vous n’en avez pas ? Ca coupe.
Tant pis pour ceux qui n’en ont pas les moyens.
Voici d’ailleurs, transmis par un agent, le cout d’une communication de cinq minutes (car le cout affiché est uniquement celui d’un appel fait d’un poste fixe)
Tarif du 3949 : 0,11€/ appel :
Ce tarif n’est valable que pour les abonnés France Télécom avec un fixe...
Coûts pour un appel de 5 minutes
Mobile Orange : 0,23€
Mobile SFR : 2,16€
Mobile Bouygues : 2,30 € Livebox : 0,81€
Freebox : 1,81€
B.box : 1,50 €
Encore plus délirant : désormais, dans le cas improbable ou vous tomberiez sur quelqu’un, la communication ne doit pas dépasser six minutes ! Sinon, ça coupe et si par la grâce de Dieu, vous parveniez à obtenir une seconde fois quelqu’un, ce ne sera pas la même personne.
Brefs, précaires compliqués, allez vous faire voir ! Parce qu’évidemment, régler un problème de cumul de salaire, de papiers manquants ou de radiation en six minutes....
En tout cas les agentEs de Pôle Emploi ne sont pas les mêmes que ceux de l’ex ANPE : formation à leurs nouvelles fonctions oblige, ils ont désormais tous ce visage aux traits tirés, ces cernes sous les yeux, et cette sensibilité à fleur de peau à laquelle on reconnait habituellement l’usager précaire.
D’ailleurs, tous nous accueillent avec le sourire. Et pour cause, leur système informatique interne ne fonctionne pas non plus.
C’est donc collectivement, agentEs et usgagEres que nous exposons au directeur nos exigences : qu’il se débrouille pour remplacer le 39 89 avec tous les précaires qui sont là pour s’inscrire et se réinscrire et qu’il annule la radiation.
C’est d’une voix faible et un peu monocorde qu’il tente de défendre Pôle Emploi. Il se fait d’ailleurs interrompre par un type qui débarque, lui hurle dessus, le traite d’incompétent et lui ordonne de se dépêcher, avec une bonne dose d’intimidation physique à l’appui.
Et il n’appelle pas la police, non il le fait recevoir par deux personnes : normal, ce n’est pas un précaire, c’est un employeur, furieux que les démarches pour le versement des subventions à un emploi précaire ( un Contrat Initiative Emploi) n’aillent pas assez vite.
Et oui à Pôle Emploi le MEDEF est roi !
Finalement, le directeur donne son accord pour que les agentEs inscrivent les gens par internet. Lui va s’occuper d’annuler la radiation.
Grâce à l’action coordonnée des agents, du collectif et des précaires présents sur place, Pôle Emploi n’aura pas empêché les précaires d’accéder à leurs droits, au moins pendant une matinée et dans cette ANPE.
Seulement, dans toutes les autres ?
Et bien, il faut faire la même chose ! Prochaine Inauguration de Lutte des agences Pôle emploi lundi matin !
Contactez nous pour y participer : ctc.rsa gmail.com
Pôle emploi : De l’autre côté du miroir. Perspectives de fraternisation entre chômeurs et « conseillers à l’emploi ».(Le sabot, n° 2 Mai 2008)
Nous sommes tous des irréguliers de ce système absurde et mortifère., l’éditorial et le sommaire de L’Interluttants n°29, hiver 2008/2009
Mobilisons-nous pour de nouveaux droits sociaux, lutter est nécessaire, lutter construit La puissance du nous