Après avoir réalisé une recherche sur les pratiques d’emploi et de travail dans l’intermittence, la CIP a obtenu un financement de la région Ile de France (PICRI) pour une enquête sur l’intermittence quatre ans après le protocole Unedic de 2003, la précarité de l’emploi chez les pigistes, et le rapport des précaires aux institutions sociales sur le territoire Parisien.
Il s’agit de mieux prendre en compte à la fois l’interprofessionalité des salariés à l’emploi discontinu et la « subordination au delà de l’emploi », telle qu’elle se manifeste dans le rapport aux institutions sociales.
L’émergence de la figure du « travailleur pauvre » comme celle du thème de la « sécurité sociale professionnelle » montrent les problèmes posés par l’existence d’un double lien entre droits sociaux et précarité de l’emploi : lien entre droits sociaux et précarité des conditions de vie d’une part, entre droits sociaux et pratiques de travail, d’autre part. Ce double lien constitue l’axe problématique structurant d’une recherche qui vise à contribuer à un nécessaire débat social sur les mutations du salariat et le renouveau de la protection sociale.
Si le contrat de travail à durée indéterminée (CDI) reste une norme d’emploi, il ne constitue plus la norme d’embauche depuis des décennies (75% des embauches s’effectuent sous CDD). La discontinuité de l’emploi est devenue une modalité dominante de la mise au travail. Elle implique à la fois des figures hautement qualifiées, tels les chercheurs, les journalistes ou les médecins (chez qui l’intérim a connu une forte progression), et des personnes considérées comme peu qualifiées, travaillant dans des secteurs en forte expansion, tels les services à la personne.
On se contentera ici de présenter rapidement quelques questions ayant trait aux trois volets de la recherche et d’en signaler les objectifs.
L’intermittence quatre ans après : droits sociaux et pratiques de travail.
Comment se modifient les relations avec les employeurs ? Avec les institutions sociales ? Comment se reconfigurent les multiples temporalités de l’intermittence ? Quel impact sur les salaires et la composition des revenus ? Sur le rapport subjectif au travail ? Les pratiques de travail ? Ses contenus ?
Les journalistes pigistes de la presse écrite.
Ce volet confronte deux figures productives , les intermittents du spectacle et les pigistes. Elles relèvent de trois caractéristiques communes : d’une part, un niveau de formation élevé (on y dispose de diplômes qualifiants ou/et de compétences négociables) ; elles sont assimilées par le droit du travail aux salariés (présomption de salariat), enfin, leur travail est marqué par la discontinuité de l’emploi et la multiplicité des employeurs. Ces salariés se distinguent en revanche par le régime d’assurance chômage dont ils dépendent : régime général de l’Unedic dans le cas des pigistes, annexes 8 et 10 parmi les intermittents. Nous analyserons les formes spécifiques prises par la précarité des emplois, les trajectoires, les conditions de vie au sein de ces populations.
Droits sociaux et précarité à Paris.
Par l’analyse territorialisée des relations des ayant droit, actuels ou potentiels, aux institutions sociales, ce troisième volet vise d’emblée la dimension interprofessionnelle des phénomènes de précarisation. Comme dans le cas de l’intermittence du spectacle, avec la permanence CAP (Conséquences de l’application du protocole Unedic), le travail d’enquête s’effectue en collaboration avec la permanence d’accueil et d’information sur la précarité. Il s’agit d’observer divers moments clés des parcours de droits (entrée, présence, litiges, sorties) afin d’éclairer quelques enjeux centraux (opacité du droit, non-recours, contrôle) de la gestion biopolitique de populations demandeuses de sécurité sociale.
Par la prise en compte de la parole et de l’action des « usagers », cette recherche, vise à une meilleure connaissance des pratiques de travail et des conditions de vie des salariés à l’emploi discontinu. Cette démarche d’observation participante contribuera à la réflexion méthodologique sur la production collective de savoir par des acteurs hétérogènes en rapprochant milieu universitaire et acteurs sociaux, confrontant les connaissances des uns aux savoirs des autres dans une dynamique de coproduction et de dissémination des savoirs produits dans et par l’enquête de terrain.
La recherche collective s’effectue en lien étroit avec l’université ouverte (voir la présentation de l’UO).
Elle donne également lieu à la réalisation d’un film et occasionnera diverses publications et productions ultérieures.
•Dette objective et dette subjective, des droits sociaux à la dette - Enquête collective
• La précarisation et le morcellement du temps - Enquête collective
•Déprolétarisation et nouvelle prolétarisation - Enquête collective