La notion « d’usage » revient aujourd’hui de manière insistante dans le débat public, où elle marque le retour d’une identité politique que l’on croyait tombée en désuétude : les « usagers » ne sont plus seulement ceux qui protestent les jours de grève, mais ceux qui exigent d’avoir voix au chapitre face aux institutions médicales, ou qui transforment l’orientation même des technologies de l’information (on a pu parler, à propos du web, de « révolution par les usages »), ou qui s’affirment « usagers de drogues » pour souligner qu’il y a là la réalité d’un savoir et la liberté d’une pratique. Parallèlement, les usagers sont la cible de toutes les attentions du pouvoir : la thématique de la « participation » s’organise aujourd’hui largement autour de la sollicitation des usagers, visant la production sociale d’un consensus. Le problème est alors de dénouer cette ambiguïté : quand la position d’usager est-elle le simple relais des pratiques de gouvernement ? Et à quelles conditions, au contraire, peut-elle acquérir une portée critique ?
Mathieu Potte-Bonneville introduira la séance qui sera suivie d’une soupe.
"Leur voix n’était invoquée que pour briser les grèves, elle a pris
désormais d’autres inflexions : au coeur des mouvements sociaux, les
usagers développent une contre-expertise, revendiquent un droit de
regard, font valoir les inventions de la pratique et de la
jurisprudence, réconcilient radicalité et pragmatisme. Or, la
question des usages est, en un autre sens, la nervure centrale du
travail de Foucault. Rapprochons ces luttes et cette oeuvre : on
verra se dessiner une nouvelle image de la pensée et de l’action
politique." Mathieu Potte-Bonneville, Politiques des usages Vacarme n° 29,