1.
L’actuel processus de fusion entre ANPE et Unedic au sein d’une future agence dite France Emploi, vise à rassembler les fonctions d’aide à la recherche d’emploi et de dotation d’allocations. Corollairement à ce processus, se développent à grande vitesse les entreprises privées de « consulting » et de « coaching » auxquelles l’ANPE a souvent recours elle-même pour « restructurer » et parfois placer les chômeurs. Le discours qui a dorénavant tendance à circuler de toutes parts estime que l’ANPE ne peut pas tout, que les conseillers sont impuissants devant la réalité du marché du travail ou la mauvaise volonté des chômeurs : il serait temps d’aborder le problème autrement. Confier le conseil à un secteur privé florissant et se recentrer sur le contrôle semble être la stratégie mise en oeuvre par les pouvoirs publics. Régler le « problème » est d’autant plus urgent que la question des « chiffres du chômage » comporte des enjeux majeurs en terme de propagande pour l’accès et le maintien au pouvoir. Il est indispensable pour les gouvernements en place que ces chiffres soient globalement bas, et qu’ils baissent tendanciellement, ce qui donne l’illusion de leurs capacités spéciales et permet d’occulter le caractère massif et expansif de la précarité de l’emploi : en réalité, les chômeurs, comptabilisés ou non, RMlstes, travailleurs à temps partiel, saisonniers et autres intérimaires composent près d’un tiers de la « population active », assez loin des 8 à 9 % officiels. La généralisation des contrats à durée déterminée va dans le sens de faire des périodes de chômage un élément structurel de la vie professionnelle. On comprend mal, dans ces conditions d’intermittence croissante de l’activité salariée, la croisade unanime, politiciens, médiatiques et managers de l’emploi, contre les mauvais chômeurs, planqués, profiteurs de l’effort commun, plein d’ingratitude pour la « société » ,qui leur a tout donné et à laquelle ils ne pensent rien devoir.
Il y a pourtant une raison simple à cela : le système d’assurances sociales lui-même. Que l’allocation soit, dans son principe, différente du salaire en tant qu’elle n’est pas la rétribution d’une activité professionnelle prèsente (et cela vaut également pour les allocations logement, les allocations familiales ...) implique une suspicion virtuelle envers tous les allocataires. Cette suspicion est activée et se systématise quand cela qui a permis l’apparition de ce système qui institutionnalise (tout en l’étatisant et la bureaucratisant) la solidarité entre travailleurs, en l’occurrence le mouvement ouvrier, a perdu l’essentiel de sa force. Cet affaiblissement est fortement lié à l’apparition d’un chômage de masse, effet d’une « crise » qui n’a cessé de tourner à l’avantage de l’autre camp. Pour les libéraux, idéologues dominants parmi la classe dominante, la disparition de l’épouvantail révolutionnaire permet d’envisager le démantèlement des institutions du Welfare State, qui n’ont jamais été pour leur classe qu’une concession destinée à maintenir un semblant de cohésion sociale et à contenir les luttes dans la perspective d’une amélioration de la condition ouvrière. Ces institutions, en tant qu’elles témoignent de la force passée du mouvement ouvrier, et bien qu’elles aient un temps contribué, en consolidant l’horizon d’un progrès indéfini parce qu’inscrit dans l’histoire, à émousser sa combativité, sont aujourd’hui perçus par les libéraux comme un frein à leur marche en avant. Eliminer ce frein, ces résistances, c’est aussi chercher à assécher la rivière de la contestation. Pour cela, le principal moyen consiste à renforcer la concurrence et la division entre travailleurs, opposer les « méritants » , aux « parasites », les « flexibles » et autres « créatifs » aux « conservateurs », et par une vague de « réformes », faire sortir les poissons de l’eau, mais de manière isolée.
La généralisation du chômage et de la précarité comme élément structurels de la vie active présente deux faits nouveaux qui existent simultanément et contradictoirement. D’un côté, la disparition progressive de l’emploi stable, la rareté de l’emploi en général rendent les travailleurs moins exigeants, plus faciles à gouverner, contraints d’accepter les conditions d’une concurrence accrue. De l’autre, l’aggravation des conditions de travail, la pénétration de l’éthique libérale dans tous les secteurs de la société (corrélative à la défaité historique du socialisme d’Etat) et l’arrogance des managers de l’ère sarkozyste créent nécessairement, chez tous ceux qui n’en retirent aucun surcroît de pouvoir ou de richesse, la tentation de se soustraire à la « mobilisation générale » des « croisés de l’emploi ». Les « mauvais chômeurs » ne constituent pas une catégorie à part qui pourrait être identifiée et éradiquée, pas plus une majorité qu’une infime minorité, ils sont la figure personnifiée, vouée à l’exécration publique, d’une disposition plus ou moins refoulée ou accueillie en chacun, employé ou sans emploi, à préférer, quand on le peut, se soustraire à une injonction dont on ne perçoit ni le sens, ni l’intérêt, ni la valeur, et qui, dans le monde capitaliste, prend le plus souvent la forme d’un ordre émanant d’un manager.
On comprend mieux pourquoi la pseudo-lutte contre le chômage n’est en fait qu’une lutte contre les « mauvais chômeurs » c’est à dire contre la tentation des travailleurs de 1’« entreprise France », de ralentir les cadences, de prendre des pauses ou de penser à autre chose. Pour défendre les vertus thérapeutiques de l’agressivité gouvernementale, on arguera du soulagement qui étreint ceux qui, ayant une famille à nourrir, retrouvent un emploi après une longue période de chômage, du sentiment d’utilité, du besoin d’entretenir des relations sociales ou même de simplement s’occuper que le travail ainsi obtenu vient parfois satisfaire chez certains. Mais ces satisfactions réelles justifient-elles d’en passer par la suspicion et le contrôle, faut-il admettre la nécessité d’être poussé par la menace de radiation pour se résoudre à accepter n’importe quel emploi, auquel on finira au mieux par s’habituer ? Il y a là une contradiction au sein de l’éthique libérale, qu’il ne lui est pas possible de résoudre : le travailleur-modèle, dont l’image est sensée édifier le chômeur-suspect, est mû par une passion, qui lui permet d’intérioriser les contraintes de son activité, lesquelles deviennent ainsi des conditions d’accomplissement personnel ; or, il ne peut être question d’accomplissement personnel dans la contrainte d’accepter le premier poste de manutentionnaire venu.
Aujourd’hui, un être a pour unique profession d’incarner le travailleur-modèle : c’est le consultant, chargé de la rééducation éthique du travailleur sans emploi, de sa conversion en un autre travailleur-modèle. Le conseiller ANPE, empêtré dans la contradiction entre activité de conseil et de contrôle ne peut pas tenir ce rôle. D’abord parce que le pouvoir discrétionnaire sur les revenus d’existence de quelqu’un interdit la sincérité (c’est cette sincérité qui intéresse les consultants). Ensuite de par les divers mécanismes d’intéressement salarial individuel et collectif, par lesquels on incite les conseillers à faire baisser leurs chiffres (par le placement à tout prix et la radiation). Enfin, la surcharge de travail impose aux agents l’abattage des dossiers et n’invite pas à la rencontre d’une vie toujours incommensurable aux subtilités des « diagnostics », seraient-il mensuels ou même hebdomadaires. Les témoignages des conseillers font par ailleurs état de la structure fortement hiérarchisée de l’agence : en bas de l’échelle, où on rencontre une précarité grandissante, après une longue période post-concours où il s’agit de faire allégeance aux supérieurs hiérarchiques, les agents sont exposés à des pratiques de surveillance et de délation envers ceux qui seraient jugés trop « complaisants » avec les chômeurs. Il est interdit aux agents de s’exprimer publiquement sans l’aval de leur direction. Le régulier briefing managérial de 1’« équipe » cohabite parfaitement avec l’acquisition d’une mentalité de simple exécutant : il est attendu de chacun qu’il se dépasse pour atteindre les objectifs chiffrés, sans surtout se poser de questions sur les présupposés politiques de ces objectifs. Comme l’affirme Fabienne Brutus2, ce n’est d’ailleurs pas la vocation mais le chômage qui conduit à l’ANPE : ceux qui croient quand même pouvoir être d’une certaine aide aux chômeurs doivent rapidement déchanter. Ils savent que dans la plupart des cas, les chômeurs disposent des outils, des offres pour une recherche d’emploi autonome, et que la pénurie d’emploi est réelle sauf à admettre le besoin des patrons à pourvoir des postes exténuants, sous-payés, ou dont la précarité est extrême. Les conseillers savent qu’ils sont payés pour contrôler et non pour conseiller. Mais ils ont un travail et souhaitent le garder, quand la dépression n’est pas trop forte. Le mauvais chômeur qu’ils ont pour charge de traquer prend les traits de leurs scrupules étouffés, de leurs doutes quant à leur véritable utilité : d’où le rideau glacé, l’abîme d’étrangeté sur fond duquel se concluent les « contrats. entre conseillers ANPE et chômeurs, quand il n’y a pourtant de part et d’autre qu’un travailleur plus ou moins précaire.
Découpler le conseil (édification et restructuration par le consulting) et le contrôle laissé aux agents oriente la tâche de ces derniers vers une mission purement morale et répressive. Dans la galerie des travailleurs-modèles, le costume chic des consultants rend honteux l’uniforme des agents ANPE dont les coutures craquent de partout. Le projet du gouvernement de menacer les chômeurs de radiation au bout du deuxième refus d’une offre jugée « valable » (sans rapport nécessaire avec la branche d’activité du travailleur sans emploi) pourrait sonner le glas des dernières illusions qui demeureraient de part et d’autre quant â la mission de l’agence. Les récentes journées d’action dans les ANPE et ASSEDIC, dont les syndicats traditionnellement peu diserts sur la fonction des agents ont enfin fait apparaître dans leurs tracts le lien entre la restructuration actuelle et le contrôle des chômeurs, pourraient être révélatrices d’une crise dont il est difficile de mesurer la profondeur.
2.
La fraternisation entre conseillers et chômeurs nous semble indispensable pour mener une lutte susceptible, sinon d’empêcher, du moins de compliquer sérieusement la tâche du gouvernement. A supposer qu’elle soit possible, une lutte des seuls chômeurs, particulièrement si elle demeurait isolée, risque d’être confrontée à une machine de guerre politico-médiatique dont il y aurait peu de complaisance à attendre. La seule expression politique capable d’y faire face dans une certaine mesure, assez délivrée qu’elle serait du souci d’une caution « majoritaire », aurait plus à voir avec l’incendie de Novembre 2005 qu’avec le mouvement des chômeurs de l’hiver 97-98. La proximité avec les grèves de novembre-décembre 1995, et l’attitude relativement passive du gouvernement de « gauche plurielle » parvenu au pouvoir dans la foulée, avaient participé d’une atmosphère favorable à une expression publique, politique des chômeurs cédant rarement au misérabilisme et à la manie de se disculper, qui semble aujourd’hui accompagner tout ce qui s’énonce pour la « defense » des chômeurs. Ces conditions extérieures sont aujourd’hui bien moins propices.
La grande force en termes de propagande de la figure du « mauvais chômeur » c’est à la fois de rencontrer un écho dans toutes les classes sociales, en tant que figure de celui qui ne « veut pas travailler » (quand l’emploi se fait si rare), sur fond de travaillisme œcuménique (où peuvent communier décombres du léninisme, social-démocratie, libéralisme et corporatisme fascisant), et un autre écho particulier dans la classe dominante, qui explique le soin jaloux qu’elle met à l’activer. Celle-ci perçoit fort bien que l’expression politique (sans honte ni contrition) des chômeurs est toujours une atteinte à son pouvoir : le mauvais chômeur à l’état pur, c’est le communiste, l’anarchiste, le révolutionnaire, celui qui fait prévaloir la grève sur le travail, qui subordonne la question du travail à la question politique. La puissance de cette figure tient en sa réversibilité fonctionnelle du parasite social au révolté politique3, et il n’est pas douteux qu’elle serait exploitée autant que possible contre un mouvement politique de chômeurs. C’est pourquoi il convient pour les chômeurs désireux de lutter et leurs alliés de se tourner vers le seul lieu où s’énonce aujourd’hui une critique des politiques de l’emploi qui soit susceptible d’un certain efficace : les conseillers ANPE les plus combatifs.
En vue d’une telle fraternisation, il convient de donner aussi peu de prise que possible à la figure du mauvais chômeur, qu’alimente tout autant le discours qui s’en tient au refus du travail, que le discours qui censure le refus du travail. Il ne serait pas mauvais que soit découplée le concept de travail et celui d’emploi ; bien que sans emploi, il y a du travail dans le fait d’en chercher, mais aussi dans les activités bénévoles, associatives, dans le fait d’élever des enfants, de construire sa maison, une œuvre d’art, d’élaborer une pensée ... Ce n’est pas que tout soit travail, mais il y a du travail en toutes ces activités qui sont universelles ; chacun, à travers elles, participe de l’humanité, qui n’est donc pas partagée en surhommes industrieux et sous-hommes surnuméraires de par un handicap ou de par leur indolence. Un problème demeure : celui du lien entre travail et subsistance. Tant qu’il y aura le salaire entre eux, il y aura l’allocation de survie pour le privé d’emploi et le contrôleur pour surveiller ce dernier. Dans la lutte des travailleurs, qui, bien que faible, demeure diffuse contre l’exploitation capitaliste, le dèsaccord quant à ce qui fonde la garantie de revenu occupe une place importante. Pour le pouvoir, il s’agit de tendre à réduire à l’emploi salarié effectif ce qui fonde cette garantie, ou du moins à un processus continu d’accumulation et de valorisation des compétences dans ou hors du cadre de l’emploi. Pour les travailleurs, il s’agit de réduire ce qui fonde cette garantie à un principe de solidarité sans conditions. Mais la négativité contrainte, défensive de cette position est aussi ce qui fait sa faiblesse : elle demeure dans l’orbite d’une société qui s’est construite et renforcée sur la séparation matérielle et l’insertion de médiations abstraites entre l’homme et ses moyens de subsistance. La perspective positive d’une politique antagoniste au capitalisme, d’une politique de rupture avec l’économie est bien celle d’une appropriation collective de ces moyens de subsistance, d’une auto-organisation des travailleurs élaborant leurs propres réseaux de production et de distribution sur des bases égalitaires et non marchandes. La question est bien celle de l’articulation entre la négativité d’une résistance trés réelle et la positivité d’une politique révolutionnaire plus évanescente.
Un mot d’ordre conséquent pour un éventuel mouvement chômeurs-conseillers pourrait être : fin des radiations. Il s’agirait pas là d’être au plus près du principe de solidarité inconditionnée, en évitant le piège de négocier au rabais sur le contenu de ce qui s’échangerait contre l’allocation, recherche active, bénévolat, certificat d’utilité sociale, négociation qui, pour ne pas reconduire la distinction entre « bons » et « mauvais », doit être à l’avantage des chômeurs et s’appuyer sur les capacités de pression des conseillers amis. Il s’agit au contraire de mettre en avant qu’il ne peut s’agir d’investissement pour justifier d’un revenu de subsistance, que le principe de solidarité est hétérogène à celui d’économie. Un tel mot d’ordre peut se traduire en actes collectifs aussi bien par les conseillers que par les chômeurs, et il est d’autant plus menaçant que la radiation est l’un des rares leviers sur lequel les conseillers puissent intervenir.
Un second mot d’ordre pourrait être : fin du pointage, mettant l’accent sur la mission qui devrait être celle du « conseiller à l’emploi » : informer sur les offres d’emploi, les employeurs et les formations, accompagner selon ses attentes les démarches volontaires du chômeur. Ce mot d’ordre pourrait se traduire par le refus d’imposer au chômeur les ateliers, bilans de compétences, évaluation en milieu de travail, consulting, etc., dont il ne veut pas, voire aboutir à une remise en cause du caractère obligatoire du suivi mensuel.
Un troisième mot d’ordre pourrait être : liberté d’établissement, ce qui signifie la possibilité pour les travailleurs sans emploi de choisir librement le lieu où ils veulent travailler, à rebours de l’obligation de satisfaire aux besoins en main d’oeuvre des entreprises, dont les plus fuies par les chômeurs sont celles où les conditions de l’exploitation sont les plus dures. Ce troisième mot d’ordre pourrait être favorablement complété par celui de : priorité au travail coopératif, qui, malgré une certaine ambiguïté (la coopération est exigée par l’économie, bien qu’organisée et médiatisée par le capital), pourrait ouvrir à large échelle la question d’une ou de plusieurs manières d’organiser différemment le travail, dans la perspective de lier à nouveau travail et subsistance (que nous puissions par nos formes d’activité quotidienne nous nourrir, matériellement, affectivement, politiquement), de rompre avec le productivisme et l’exploitation, la division du travail et la hiérarchie d’entreprise. Il s’agit ici de renouer avec une des fonctions des anciennes bourses du travail, le placement ouvrier, qui visait à trouver un emploi à un gréviste licencié, en priorité chez des employeurs amis ou pour prêter main forte à des camarades dans des entreprises. Au placement selon l’exigence patronale s’opposent exigences de solidarité, organisation du travail autonome et motifs politiques de l’établissement.
De tels mots d’ordre, proposés ici à titre indicatif, pourraient permettre d’articuler résistance et offensive, conditions immédiates de la lutte et perspective à proprement parler communiste. Ils le pourraient à condition d’être portés par la constitution de liens durables entre conseillers et chômeurs, liens qui seraient celle d’une communauté de lutte, d’une communauté où la puissance de l’agir politique se renforce par la vigueur des solidarités matérielles, et le partage d’expériences. Il va également de soi que cette lutte n’est pas celle des seuls chômeurs et conseillers ANPE, mais celle des travailleurs dans leur ensemble, à commencer par les Rmistes, agents de l’ASSEDIC et des institutions chargées de gérer l’attribution des « minima sociaux », comme les CCAS. Face à la fusion programmée entre ANPE et ASSEDIC, face à la coopération renforcée entre les différents services de coercition, il vaut mieux s’opposer à une centralisation des services et donc des informations qui ne peut qu’être néfaste dans les conditions actuelles et s’appuyer sur les contradictions internes aux missions spécifiques des différents services. Mais cette lutte défensive contre la fusion-centralisation doit aller de pair avec la mise en relation des contestations éparses dans les différents services et l’élaboration de formes de luttes et de mots d’ordre communs.
Le sabot, n° 2 Mai 2008
1 Même si son montant dépend du salaire et des autres revenus.
2 Auteur du Iivre Chômages, des secrets bien gardés (2006).
3 Avec d’éventuels hybrides parasites politiques (terroristes) et révoltés sociaux (délinquants politisés).
Lutter construit la puissance du nous, mobilisons-nous pour de nouveaux droits sociaux.
Nous sommes tous des irréguliers de ce système absurde et mortifère, éditorial et sommaire de L’Interluttants n°29, hiver 2008/2009