Ces derniers jours, on a vu beaucoup de monde dans les rues de Montreuil. Une ambiance étrange. La ligne 9 était paralysée. Les lycéens de Jean Jaurès allaient d’un établissement à l’autre pour pousser à la grève. Quelques jours plus tard, ils se retrouvaient sur la place de la mairie pour partir en manif. A la fac de Saint-denis, un étudiant annonçait le blocage de l’annexe de Montreuil. Ce qui peut paraître lointain est en fait très poche.
Et c’est la même chose pour la lutte et la situation des personnes sans-papiers : les 25 000 expulsions voulues par le ministre Hortefeux, c’est quotidiennement des rafles aux stations de métro de Montreuil. C’est aussi, des profs et des parents qui s’y opposent, des amis qui se bougent quand l’un des leurs est menacé d’expulsion. L’un des nôtres, Kébé, s’est fait arrêter à Bordeaux le mercredi 31 octobre. Nous nous sommes alors organisés pour empêcher son expulsion. Nous avons manifesté, occupé, bloqué partout où nous pouvions arracher sa libération : la préfecture, le centre de rétention, le consulat, l’ANAEM (qui cogère le « retour » au pays d’origine), l’aéroport... A Bordeaux et ici, c’est à chaque rouage de la « machine à expulser » que nous nous sommes attaqués. À ce jour, Kébé est toujours en centre de rétention. Nous continuons la lutte, pour lui et pour tous.
Durant ces derniers jours de grève et de lutte, l’individualisation et l’isolement ont reculé. Cet isolement qui casse les résistances collectives a été contrebalancé un moment par la volonté de mettre des choses en commun : grèves, actions, manifestations, espaces de parole collective. Il reste malgré tout une réelle amertume. On aurait aimé, au moins à l’échelle de la ville, que les lycéens en grève bataillent aux côtés des machinistes de la RATP, on aurait aimé que ces derniers se saisissent aussi de cette occasion pour dénoncer le rôle de la régie des transports dans le harcèlement des sans-papiers, on aurait aimé que se déroulent les rencontres nécessaires pour que le mouvement puisse durer et s’étendre. On aurait aimé une ville en lutte dans laquelle tous les absents du mouvement puissent se retrouver.
S’en sortir seul ou à plusieurs : la lutte autour de Kébé est issue de ce choix-là, comme la lutte des lycéens et des gens de la RATP. Quand les gestionnaires, les flics et les managers veulent tout individualiser, il nous faut continuer à construire les liens qui pourraient permettre que les grèves ne soient plus solitaires, que la suppression d’une allocation à un chômeur devienne un événement, que les expulsions de sans-papiers deviennent impossibles. Faire que là où nous sommes, on ne puisse s’attaquer à un sans s’attaquer à tous.
La manifestation de ce samedi 1er décembre vient simplement de l’envie de renforcer ces espaces de solidarité et de liberté ouverts par les luttes récentes, de prolonger la rupture de l’ordre quotidien avec son lot de peur, d’isolement face à l’autorité.
A samedi !
Appel à se retrouver le 1er décembre à 14H Mairie de Montreuil, métro Mairie de Montreuil (Ligne 9)
Pour plus de précisons sur l’arrestation et la détention de Kébé : lire l’article Libérez-le !