Occupation de l’Unedic, persistance de la polémique sur les données du chômage, intervention de Bernard Thibault... Plusieurs éléments vont pousser les deux candidats à intervenir sur le champ social.
La question sociale pourrait bien s’inviter dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle. Plusieurs signaux s’allument. Depuis la nuit dernière, plusieurs dizaines de chômeur et intermittents du spectacle occupent spectaculairement une partie des locaux de l’Unedic, organisme gestionnaire de l’assurance chômage. Leur revendication : une « refonte » du régime d’assurance chômage en faveur de « tous les chômeurs ».
Demain jeudi, fait exceptionnel, les syndicats et le personnel de la Dares (département statistiques du ministère du Travail) appellent à une journée de grève « pour s’opposer à la publication du nombre des chômeurs » et « du taux de chômage » pour le mois de mars. Pour eux, ces données ne sont pas fiables et il conviendrait d’en différer la diffusion à quelques jours du deuxième tour de scrutin.
De fait, bien évidemment, les statistiques du nombre des demandeurs d’emploi vont être largement commentées par les entourages des deux candidats. En février, le ministère avait annoncé, sur la base des données Insee, Dares et ANPE, que le taux de chômage français était redescendu à 8,4%, soit son niveau le plus faible depuis... 1983. Or, dès le lendemain, Eurostat, organisme statistique européen, corrigeait à la hausse ce taux, en l’établissant à 8,8%... soit un niveau comparable à celui du début 2002 lors des derniers mois du gouvernement Jospin.
Eurostat fondait ses estimations sur la base de l’enquête annuelle sur l’emploi réalisée par l’Insee. Or, côté français, l’Insee a décidé de ne pas publier cette enquête en mars, préférant reporter à l’automne sa diffusion « pour des raisons techniques ». Un report qui a provoqué un tollé. Le mouvement, ce jeudi, des agents de la Dares s’inscrit dans cette série de polémiques sur la fiabilité des données relatives au chômage. Dailleurs, plusieurs syndicats de l’ANPE, de l’Insee et de la Dares, ainsi que plusieurs collectifs (ACDC, notamment) organiseront le 29 mai « des états généraux sur les chiffres du chômage et la précarité ».
Autre fait marquant sur le terrain social, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, organise une conférence de presse jeudi après-midi. Si, officiellement, la première centrale syndicale française ne donne aucune consigne de vote, son leader devrait cependant profiter de son intervention pour dire tout le mal qu’il pense du programme social de Nicolas Sarkozy. Enfin mardi, à l’occasion du 1er mai, les différents syndicats - aucun rassemblement unitaire d’envergure national est prévu - devrait interpeller les deux candidats en lice sur leurs revendications. Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ne devraient donc pas rester muets dans les jours qui viennent sur la question sociale.
Jean-Christophe Chanut
25 avril 2007