LEC, CNE, Unedic, CESEDA, non. Amnistie !
Fatigués ou pas, nous n’en restons pas là
Nous, 200 étudiants, chômeurs, précaires, intermittents, lycéens, rendons visite collectivement au journal « La tribune », filiale du groupe LVMH, 51 rue Vivienne, à Paris.
Ici on échafaude les mesures et on fabrique l’ambiance mentale qui naturalisent inégalités et violence sociales.
Depuis plus de 30 ans, on organise l’insécurité du plus grand nombre. Avec la « refondation sociale » du MEDEF cette politique de précarisation s’est traduite par la destruction des droits à indemnités des chômeurs et une attaque massive des droits à pension de retraites pour l’ensemble des salariés.
Les employeurs se voient offrir une main d’œuvre rendue disponible à n’importe quelles conditions par des lois iniques, telle l’interdiction du RMI aux moins de 25 ans. On fait d’une durée d’emploi indexée à d’aléatoires contrats discontinus (70% des embauches s’effectuent en CDD, la fin de contrat est le principal motif d’entrée au chômage) le sésame exclusif de l’accès à des droits eux-mêmes toujours plus incertains (Pare, protocole Unedic de juin 2003, contrôle des chômeurs, radiations).
Le remplacement du CPE par davantage de subventions aux employeurs montre à nouveau que la « loi pour l’égalité des chances » porte parfaitement son nom. « Que le meilleur gagne ! », nous dit ce poker menteur. C’est individuellement, chacun contre tous, dans une concurrence débridée, aiguillonnés par la culpabilité et l’application d’un régime varié de sanctions, qu’il nous faudrait saisir ce que cette société présente comme une chance : celle, si l’on n’est pas absent à l’école, de ne pas voir amputer le revenu familial, de ne pas être apprenti à 14 ans , de ne pas travailler de nuit à 15 si l’on évite l’échec scolaire, ou de ne pas être condamné pour rébellion pour avoir dit le refus de ce monde.
La lutte contre la précarisation qui s’est massivement développée ces dernières semaines est partie des universités et des lycées. D’avoir impliqué les chômeurs, les précaires et les précarisables, jusqu’à d’ innombrables actions de blocage de l’économie et de ses flux, a permis de remporter une victoire sur le CPE. Cette victoire , tous les tenants de l’ordre social actuel promettent qu’elle restera symbolique. Nous ne l’entendons pas ainsi. La LEC (loi pour l’égalité des chances), le CNE (castés-all-days par de nombreux employeurs), le projet de loi contre les migrants CESEDA, les réformes de l’indemnisation du chômage sont autant de dispositions inacceptables qui visent à nous faire survivre sous le règne de l’arbitraire.
Lorsque de toutes parts on parle de « sécuriser les parcours professionnels », nous savons que les premiers concernés, entrants dans le salariat, chômeurs, demandeurs de formation, intermittents et travailleurs précaires, avec ou sans papiers, n’auront voix au chapitre qu’à condition de continuer à prendre la parole et agir.
Nous n’en restons pas là.
Ni LEC, ni CNE, ni CESEDA. Refonte de l’Unedic. Amnistie.
Ce que nous défendons nous le défendons pour tous et toutes.
Les occupants du journal « La Tribune », Paris, 18 avril 2006