Bonsoir,
Nous sommes les 80 artistes et techniciens du spectacle travaillant lors de ce week-end « ça compte ». Sans nous, aucun des spectacles que vous avez vus ou allez voir n’aurait pu être créé et joué. Nous interrompons la manifestation pour vous alerter de la gravité de la situation. Nous la rebaptisons pour l’occasion « un intermittent, ça compte ! ».
Qu’est ce qui se passe ?
Le 8 mars, des milliers d’intermittents manifestent, organisent des actions d’occupation et de blocage à Paris, Lille, Toulouse, Rennes, Avignon, Marseille et ailleurs. Des dizaines de structures du spectacle vivant, de l’audiovisuel et du cinéma, d’équipes, de compagnies font grève. Depuis juin 2003, nous exigeons sans relâche l’abrogation d’un protocole d’assurance-chômage injuste, coûteux, et non redistributif, qui favorise les salariés employés le plus régulièrement et pour les plus hauts salaires, et précarise toujours davantage les salariés les plus précaires. (21000 intermittents exclu du systeme)
Qu’est ce qui se passe ?
Vendredi 10 mars, 300 intermittents, précaires et étudiants occupent à Paris, la péniche de Thalassa, émission diffusée sur France 3. La rédaction de la chaîne préfère pour le moment diffuser un documentaire sur les requins en annonçant : « En raison d’un envahissement de nos plateaux nous ne sommes pas en mesure de retrouver Georges Pernoud et son équipe en direct » (disparus en mer ?). Ils demandent un temps d’antenne à la rédaction de France 3, à Thalassa ou au soir 3 de 23h, demande de prise de parole pour l’heure restée sans réponse.
Qu’est ce qui se passe ?
Depuis quelques semaines, manifestations et occupations d’Universités fleurissent à Rennes, Toulouse, Rouen, Lille, Paris et ailleurs. Un aéroport, des gares et des routes sont bloqués, des ANPE, des Capitoles et des Champs Elysées investis. Quelques mois après la révolte des cités, la contestation se cristallise contre le CPE et le CNE, contrat qui permettent de licencier du jour au lendemain et sans sommation. Ils aggravent vertigineusement le pouvoir des employeurs en leur donnant un nouvel instrument de contrôle continu et quotidien sur les conditions d’embauche, de travail et de vie.
Qui décide pour qui ?
Le 8 mars, à l’UNEDIC, le MEDEF et la CFDT, se réunissaient pour parachever la destruction de l’assurance-chômage des salariés intermittents. Au mépris des mobilisations des premiers concernés, des analyses et propositions de la CGT spectacle et des coordinations d’intermittents et précaires, des critiques unanimes, au mépris des regroupements d’employeurs du secteur, des 476 parlementaires signataires d’une proposition de loi, de deux missions parlementaires, au mépris de l’expert gouvernemental, le MEDEF et la CFDT persistent à promouvoir et à poursuivre en pire leur logique d’exclusion au profit des plus riches.
Qu’est ce qui se passe ?
Il ne s’agit donc pas d’une affaire catégorielle avec d’un côté des étudiants, de l’autre des salariés et encore ailleurs des intermittents. Face à une situation intenable, la colère gronde. Les pouvoirs publics ne cessent de museler et réprimer chaque tentative de contestation et de revendication. Toutes les avancées, tous les acquis sociaux ont été obtenus par l’engagement et la mobilisation. Aujourd’hui, l’action collective se construit et peut avoir lieu avec la participation de tous.
Et maintenant qu’est-ce qui se passe ?
Le mardi 28 mars, 4 intermittents passent en procès pour avoir manifesté leur refus du protocole de juin 2003. Nous appelons à un rassemblement à 13h devant le tribunal de Bobigny.
La semaine prochaine, rendez vous jeudi 16 mars et samedi 18 mars pour des JOURNEES D’ACTION COMMUNE partout en France.
Ce que nous défendons, nous le défendons pour tous.