A 19H48, ce 1er décembre, jour de pseudo-négociation de la convention d’assurance-chômage, des manifestants, intermittents, chômeurs, précaires, sont intervenus lors de l’émission « Le grand journal » sur Canal + afin de rendre public l’appel suivant. La direction de la chaîne a choisi de diffuser de la publicité, puis a 20h10, a remplacé l’émission par un épisode des Simpsons.
Unédic : beaucoup d’argent parce que je suis nombreux
Nous venons prendre la parole ce soir car la violence sociale et politique devient insupportable. Partout on ne parle que de sécurité et d’emploi
Nous, précaires, chômeurs, intermittents, sommes venus ici vous parler de droits sociaux ; de vie
A) Savez vous comment fonctionne l’Unédic ?
Les négociations sur l’assurance-chômage ont commencé,
sans les premiers concernés. Ces « négociations » ne sont qu’un simulacre.
Les désaccords entre le Medef et des syndicats qui marchandent leur signature, ne sont une qu’une mauvaise parodie de démocratie sociale.
Depuis des années, dans la plus complète opacité, l’Unédic organise, convention après convention, la destruction des droits collectifs et la précarisation de nos vies.
Mais tout cela a assez duré. Au chômage, en formation ou dans l’emploi, les salariés doivent pouvoir décider de leur sort. De véritables négociations doivent avoir lieu, avec l’ensemble des concernés.
B) Emploi discontinu, revenu continu
La réforme du régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle signée en juin 2003 a exclu les salariés les plus précaires.
Dans le même temps, elle a augmenté les indemnisations des intermittents les mieux payés et les plus régulièrement employés, distribuant même des allocations aux plus hauts salaires, qui n’y avaient pas droit avant la réforme.
Censée résorber le déficit de l’UNEDIC, cette réforme a ainsi coûté plus cher que l’ancien système.
Avant 2003, l’intermittence était un régime d’indemnisation qui assurait à des salariés alternant périodes d’emploi et périodes de chômage une certaine continuité de revenu dans l’année.
Ce système nous permettait de souvent choisir nos activités, nos projets. Parfois de préférer ne pas.
L’intermittence compensait la mobilité par des droits.
Elle constituait ainsi un outil puissant pour que la flexibilité soit réappropriée par les salariés. C’est cette possibilité de réappropriation qui a été détruite par la réforme.
C’est cette possibilité de choix qui n’existe plus pour la plupart des salariés et des chômeurs.
C) Beaucoup d’argent parce que je suis nombreux
Une jeunesse révoltée vient de manifester son refus et d’ébranler la société. Le gouvernement répond par la prison, l’apprentissage à 14 ans, et l’emploi précaire.
Le froid commence à tuer ceux qui n’ont nulle part où loger. On promet un mois d’hébergement à ceux qui occupent un ou plusieurs emplois
De plus en plus de chômeurs sont exclus de l’assurance chômage et dépendent du RMI. Le gouvernement se vante de faire baisser les chiffres du chômage et met en place des systèmes de contrôles qui confondent « cohésion sociale » et mise au travail obligatoire.
Le financement de l’assurance-chômage ne suffit pas à indemniser tous ceux qui en ont besoin. Plutôt que d’envisager de nouvelles sources de financement, l’Unedic continue de réduire le nombre de chômeurs indemnisés, ainsi que le temps et la durée des indemnisations.
Quand ils n’ont pas recours à la répression policière et la politique sécuritaire, le gouvernement, ses experts, ses partenaires, ses médias, n’ont qu’une réponse à tous les problèmes : la généralisation de l’emploi précaire.
En dehors de l’ emploi, plus le moindre droit. En dehors de l’entreprise, plus le moindre possible.
Mais nous ne voulons pas accepter n’importe quel emploi à n’importe quel prix.
Nous ne voulons pas de ce plein emploi précaire et forcé.
Nous exigeons des droits collectifs.
D) Du possible sinon j’étouffe
Que nous soyons salariés, chômeurs, intermittents, pigistes, travailleurs malades, handicapés, intérimaires, RMIstes, free lance courant après les contrats, stagiaires, salariés, jeunes, moins jeunes, avec ou sans papiers, nous avons besoin de temps et d’espaces pour réaliser nos projets, nos envies, nos vies, qui ne peuvent être limités à la sphère de l’emploi !
Nous voulons pouvoir nous loger, nous soigner, nous déplacer librement, apprendre, bien manger, nous informer, voyager, passer du temps avec nos enfants, nos amis, nous reposer, aimer, flâner, penser, rire.
En un mot, vivre.
Pour affirmer ensemble l’exigence de nouveaux droits, nous appelons à participer à la manifestation des précaires, chômeurs, intermittents, ce samedi 3 décembre.
A Paris : rendez-vous à 14h00 au Métro Chateau-Rouge
Nous vous invitons aussi devant le Medef le 7 décembre à 14H, dernier jour de pseudo négociation de la convention générale d’assurance-chômage, pour un rassemblement et un départ en action
Coordination des Intermittents et Précaires d’Île-de-France >>> www.cip-idf.org
14 quai de Charente, 75019 Paris (M° Corentin Cariou) / 01 40 34 59 74