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2e jour des négociations UNEDIC 2005 : occupation du Palais de Tokyo

Publié, le mercredi 23 novembre 2005 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : vendredi 25 novembre 2005


Indemnité journalière minimale = Smic Jour !
Emploi discontinu, revenu continu !

Aujourd’hui, 23 novembre 2005, nous, chômeurs, précaires, intermittents, occupons le Palais de Tokyo.

Cette journée est la deuxième journée officielle de « négociations » de l’assurance-chômage au Medef.

Les déclarations des « partenaires sociaux » (ceux qui ont pris l’habitude de réduire les droits des chômeurs en apportant leur signature à chaque nouvelle convention unedic) préfigurent le pire (retour de la dégressivité des allocations ? diminution du montant ou de la durée des indemnisations ?).

Les négociations spécifiques aux annexes 8 et 10 (intermittents du spectacle) n’ont toujours pas été officiellement planifiées, mais cela ne s’annonce pas mieux, puisque les mêmes signataires adopteraient, selon les premières discussions, un protocole à peine différent de celui du 26 juin 2003 : soit ce dernier serait prorogé, soit on reviendrait à une période de référence de 12 mois mais sans remise en question du système capitalisé de 243 jours d’indemnités.

Et cette fois sans Allocation de Fonds Transitoire pour rattraper les pires inégalités...

Une réforme politique, pas économique.
(Pour un système mutualiste et redistributif)

En 2003, l’argument du déficit avait été brandi pour justifier la réforme. Cette réforme a engendré un grand nombre d’exclusions. Le passage d’un système mutualiste avec une date anniversaire (période d’indemnisation de 12 mois où chaque jour non travaillé est indemnisé) à un système de capital d’indemnités (243 jours d’indemnisation générant un décalage aléatoire) a généré de l’exclusion et de grandes inégalités de traitement.

Or, contrairement à ce qu’affirmaient les signataires, ces exclusions se sont faites au prix d’un accroissement du déficit, puisque que dans le même temps, les intermittents les mieux payés et les plus régulièrement employés ont vu leurs indemnités augmenter.

Le déficit n’était donc pas la raison de cette réforme !

La logique était politique : il s’agissait de réguler le marché culturel.

En effet, l’ancien système d’indemnisation, qui limitait l’aléa inhérent aux pratiques et assurait une certaine continuité de revenu dans l’année, constituait un outil puissant pour que la flexibilité soit réappropriée par les salariés, que la mobilité puisse être choisie, ou en tous cas vivable.

Pour un nouveau modèle d’assurance-chômage pour les salariés à l’emploi discontinu

Un système mutualiste de redistribution des revenus en la faveur des plus faibles salaires, adapté à une protection sociale pour les salariés intermittents, aux employeurs multiples et aux rémunérations variables, exige une ouverture de droits selon une période de référence de 12 mois, mais surtout une date anniversaire fixe, avec versement sur une période de 12 mois d’une indemnité chaque jour non employé. La date anniversaire permet en effet l’ajustement de l’indemnisation au rythme du travail annuel, la garantie d’une réelle mutualisation en limitant les écarts entre les allocataires, la prise en compte de chaque heure travaillé pour l’ouverture des droits.

L’alternative est donc entre deux modèles de politique sociale, deux modèles de société.

L’un refusant de payer le prix de la flexibilité de l’emploi qui se généralise à tous les secteurs, l’autre permettant une réappropriation de la mobilité, souvent choisie, pour que les temps de la vie ne soient pas soumis à la course à la survie.

C’est pour défendre ces propositions que nous avons agi et été présents le 29 septembre lors de la réunion des partenaires sociaux au ministère de la culture, le 8 novembre lors de la première journée de « négociation » du régime d’assurance-chômage du régime général et le 16 novembre lors du Conseil National des professions du spectacle.

C’est pour cette raison que nous occupons le palais de tokyo qui accueille la semaine de la publicité

Organisée par l’AACC (Association des Agences Conseils en Communication), financée par de grandes multinationales (TF1, HP, MSN, .), parrainée par le ministre de la culture, cette semaine réunit des « professionnels et des intervenants prestigieux ». Ils travaillent pour TF1, SNPTV (Syndicat National de la Publicité Télévisée), Media Institute, Carrefour, Orange, Pizza Hut, CSA Opinion, Canal +, Radiofrance, L’équipe , MSN, ., autant d’entreprises qui emploient des salariés précaires.

Elle est aussi une nouvelle preuve que les institutions publiques s’inscrivent dans la même logique que le secteur privé.

Comment ne pas rapprocher cela des politiques culturelles prônées par le ministre de la culture : concentration institutionnelle, restructuration du secteur adapté au marché culturel, élimination progressive de toutes les structures « indépendantes » ou au visées autres que commerciales ?

Au même moment, au Medef, des millions de salariés précaires et de chômeurs précaires sont soumis à la destruction de leurs protections sociales. La même logique qui prévaut dans la réforme des intermittents du spectacle de 2003 est déjà également à l’ouvre dans tous les systèmes d’assurance-chômage : logique d’aléas, d’incertitude, de risques, d’exclusion, de précarisation pour contraindre toujours plus à accepter n’importe quel emploi, à n’importe quel prix.

Puisque cela ne leur suffit pas, le gouvernement met en place des systèmes de contrôles (réforme du RMI, plan de cohésion sociale.) qui ne sont en fait que des systèmes de mise au travail obligatoire.

À qui tout cela profite ? Notamment aux entreprises invitées au Palais de Tokyo. Qu’est-ce que tout cela dessine ? Un désert social et culturel de plus en plus inquétant.

La guerre sans merci menée par l’Etat, sa police, ses complices, ses médias contre les plus démunis et les plus fragiles, nous oblige à repenser de nouvelles formes de lutte et de résistance. La menace porte sur nos vies mêmes, nos capacités à faire et défaire des mondes. Elle nous concerne tous, là où nous nous tenons. Dans la rue. Au travail. À la maison. À l’école. Nos actions sont à la mesure de notre colère et ne connaîtront pas de pause. Nous appelons le plus grand nombre à nous rejoindre et organiser des révoltes joyeuses (ou pas) afin de faire plier les décideurs et faire entendre nos voix et notre volonté insoumises.

Coordination des Intermittents et Précaires d’Île-de-France >>> www.cip-idf.org
14 quai de Charente, 75019 Paris (M° Corentin Cariou) / 01 40 34 59 74





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