"Ces mains du bleu de l’eau du noir du ciel
Plates
Posées écartelées sur le granit gris
Pour que quelqu’un les ait vues"
Le groupe Boris Barnet vous invite samedi à 14h à la cip-idf, écouter et regarder ensemble :
Offre d’emploi , réalisé par Jean Eustache.
Un film de commande pour Antenne 2.
Le dernier de Jean Eustache (1980).
Le filmage d’une procédure dans laquelle chaque plan correspond à une étape
de cette procédure.
Ni un documentaire ni une fiction ou plutôt au moins ces deux-là.
L’image et la parole y sont non réconciliées.
« La certitude du cinéma s’y effrite comme celle du fonctionnement social. »
Les mains négatives , réalisé par Marguerite Duras.
« Nous avons tourné à la mi-août, Paris n’étant relativement vide qu’une
semaine par an.
Pendant les 45 minutes du travelling entre six heures et quart et huit heures
moins le quart du matin, à part une prostituée boulevard Magenta, on n’a
rencontré que des noirs, quelques femmes de ménage portugaises du côté de
l’Opéra, celles qui nettoient les banques, quelques loubards aussi, quelques
sans-abri.
Depuis l’Indochine, depuis ma jeunesse, je n’avais jamais vu une telle
population coloniale réunie dans un seul endroit.
L’amour c’est à eux qu’il s’adresse. »
un passage des Histoire(s) du cinéma , de Jean-Luc Godard.
Un montage à partir d’un texte de Denis de Rougemont.
Où il est question du mot main dans manifester et de la responsabilité des images en acte de la pensée.
Un extrait déja regardé mais dans un autre agencement.
Bruit de fond, une place sur la terre , réalisé par Olivier Derousseau.
"Quelque chose ne passe pas, on pourrait dire le passé c’est ce qui ne passe
pas.
Soit une projection, soit dans cette projection un trajet qui passe par
l’aire des champs d’amour, va jusqu’au bout de l’Europe dans l’embouchure
voir passer le grand fleuve et ses chariots de plaintes. Au commencement, au
départ, ce à quoi on a affaire, c’est une zone obscure. On se place, nous
sommes placés. Quelque chose flotte qui pourrait nous saisir, quelque chose
qu’il y aurait à construire. Quelqu’un parle au présent mais c’est du
passé,c’est une projection, c’est un film.
Un film où l’on entend parler un employé de l’usine monde, mon frère. Ce qu’on
y voit pendant, ce sont des plans qui tentent de montrer ce que dehors la
nuit nous observons alors que cette parole nous travaille ; des lieux
communs. Et puis il y a un passage comme qui dirait un passage de témoin
dans un relais. Quelqu’un prends la parole, devant, parle comme sur ces
images, accompagnée d’une partition électro-acoustique ; nous passons d’un
registre à un autre (on pourrait dire du cinéma au théâtre, du positif au
négatif) .
Ce que l’on entend, c’est une colère marquée par le désir et d’en finir et
pourquoi pas d’en découdre avec l’incommensurable servitude volontaire qui
chaque jour nous apporte son lot de nouvelles molles et dévastatrices, même
si par ici nous survivons à nos problèmes.
Besoin du cinéma afin de « diagnostiquer » un nous en tant que quelque chose
d’abord nous regarde, et voir le monde depuis le lieu fraternel, mais pas
nécessairement confortable, de l’autre.
Besoin du théâtre afin qu’apparaisse, comme une conséquence, une figure qui
porte sa parole."
"... De tes lèvres, je recevrai la fine esquisse de l’image.
La peignant, tu auras l’adresse, bien sûr, d’atténuer l’acuité du spectacle.
Plus que voir, j’aimerais entendre. "
La plupart des films diffusés par le groupe Boris Barnet sont empruntables en VHS à la cip-idf.
Vous pouvez aussi télécharger l’enregistrement sonore de la conférence de presse de la CIP avec Godard au bunker du
festival de Cannes 2004 , en version mp3.