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Lettre de J.Ralite à J.Chirac du 29/04/04

Publié, le vendredi 30 avril 2004 | Imprimer Imprimer |
Dernière modification : vendredi 30 avril 2004


Aubervilliers, le 29 avril 2004

Monsieur Jacques CHIRAC
Président de la République
Palais de l’Elysée
75008 PARIS

Monsieur le Président,

Il ne m’est pas habituel de vous saisir avec gravité sur un sujet. Mais le mouvement des intermittents qui inspire ma démarche est un tel symptôme des bougés artistiques, culturels et sociaux dans notre pays, que de ne pas vous solliciter en urgence serait pour moi manquer à mes responsabilités.

Je ne déplisserai pas le dossier, vous le connaissez bien. Je rappelle seulement que le mouvement d’opposition réfléchi et profond au protocole du 26 juin dernier n’a pas faibli pendant ces dix derniers mois et ne baisse pas la garde. Il n’est pas tiède comme on dit. Il est à la fois visée et tâche accomplie. Ce n’est donc pas un conflit seulement catégoriel.

Vous connaissez la remarque de Michaux : « la pensée avant d’être œuvre est trajet ». Précisément les intermittents sont auteurs d’une œuvre en chemin. Ils ont dessiné et dessinent de nouveaux commencements.

La toute récente délibération unanime du conseil d’administration du Festival de Cannes comme l’échange de paroles et de notes de musique entre des milliers de jeunes qui se sont retrouvés au Printemps de Bourges témoignent au côté de ces femmes et de ces hommes qui entendent, dans un processus de cohésion sociale, garder leur faculté humaine d’étonnement, c’est-à-dire le contraire du rétrécissement voire de l’exclusion de leurs métiers codifiés par le protocole du 26 juin.

Toute solution qui ne considérerait pas le problème à ce niveau n’irait pas loin et exposerait le travail amorcé de liaison à la déliaison.

J’ajoute que la décision de justice de Marseille en faveur des chômeurs « recalculés » constitue comme une injection du « social dans le social » selon l’expression significative d’Yves Clot psychologue du travail.

C’est du combustible pour une démocratie attentive et vivante, c’est une façon de jeter des « pelletées politiques » dans la tourmente que connaît notre pays.

Je crois Monsieur le Président qu’un regard sur, et une écoute de ce mouvement indiquent encore plus : ses auteurs ne se satisfont pas d’être seulement des opposants. Ils ne se considèrent pas comme autosuffisants, ils veulent construire, ils construisent.
Telle est l’évaluation que je fais de la conjoncture. Peut-être certains des auteurs du protocole persistent malgré l’expérience de dix mois à apprécier les intermittents seulement par rapport à la norme existante. Mais la société peut constater que ce mouvement a produit de nouvelles normes. A s’arc-bouter sur hier les autorités publiques laisseraient échapper le demain qui cogne à la vitre.

Le savoir est bousculé par la pensée du mouvement des intermittents. J’ai entendu un témoin affectueux et rigoureux de ces faits dire qu’il fallait « éviter d’errer tout seul parmi l’étendue des bêtises possibles ».

Monsieur le Président je veux conclure. Les intermittents sont sortis d’eux-mêmes, les acteurs du 26 juin un temps égarés doivent le faire à leur tour.

C’est la responsabilité de l’Etat de contribuer à ce croisement, à cette mêlée autour de quatre idées ouvrant un espace public de négociations qui pourraient durer six mois dès lors que comme pour les chercheurs quelques reconnaissances seraient actées.

J’en vois quatre avec le Comité de suivi dont je suis membre : 507 heures en douze mois. La date anniversaire reprise. Le règlement du dossier maladie et du dossier des femmes dont la maternité intervient en dehors de tout contrat. Le droit des techniciens de participer à des travaux de formation. Alors une évaluation indépendante et contradictoire serait faite, des financements nécessaires à cette demi-année seraient assurés par l’Etat et il n’y aurait plus de questions taboues pour prédire en négociant, un nouveau protocole.

Voilà ce que je souhaitais ardemment vous dire Monsieur le Président, persuadé que dans la foulée de vos déclarations du 14 juillet et plus récemment, il y a la possibilité de concrétiser une solution pour le plus grand bien des intéressés et de la politique culturelle et artistique de notre pays.

Monsieur le Président, dans ce travail de sortie de la crise les intermittents ne reviennent pas, ils viennent. Je suis avec eux. Puissiez-vous obtenir des autres acteurs par une conviction agissante, qu’eux aussi ne se contentent pas de revenir, mais viennent.

En attendant beaucoup de vous, croyez Monsieur le Président en ma considération.

Jack RALITE
Sénateur
Ancien Ministre
Membre du Comité de suivi



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Lettre J.Ralite -> J.Chirac 29 avril 2004

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Mise en ligne le : 30 avril 2004



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